La Nation Bénin...
Les
start-up béninoises connaissent une croissance prometteuse, notamment dans les
technologies et le commerce électronique. Cependant, elles doivent surmonter
des défis majeurs, tels que l’accès limité au financement et des
infrastructures insuffisantes, afin de réaliser pleinement leur potentiel de
développement.
Le
secteur des start-up au Bénin, bien qu'encore embryonnaire, comparé à d'autres régions
du monde, est en pleine expansion. En 2023, selon StartupBlink, le pays figure
parmi les 1000 meilleurs écosystèmes de start-up au monde, enregistrant des
progrès notables dans des domaines tels que les logiciels, le commerce
électronique et les services numériques. Certaines réussites, comme celle de la
start-up Irawo, témoignent de cette dynamique croissante.
Les
start-up béninoises se concentrent particulièrement dans les secteurs des
technologies, des logiciels et des données, du commerce électronique, ainsi que
dans les services sociaux et les loisirs. Ces secteurs, soutenus par des
investissements en technologies et en innovation, présentent un potentiel
important pour dynamiser l’économie du pays. Selon le Baromètre de l’opinion
des start-up 2024 (Ocis, novembre 2024), l’essor de ce secteur pourrait
également jouer un rôle clé dans la transformation numérique du Bénin,
renforçant ainsi sa compétitivité au niveau régional et international.
Malgré
ce potentiel, plusieurs défis freinent la croissance des start-up béninoises.
Une enquête menée par l’Observatoire du commerce, de l’industrie et des
services (Ocis/Cci-Bénin) en 2023 révèle que les principaux obstacles sont
l’accès limité au financement bancaire (57 % des répondants), les nouvelles réglementations
de l’État (48 %) et le manque de fonds propres ou de procédures adaptées (38
%). En outre, l’insuffisance des infrastructures et la lenteur des démarches
administratives compliquent encore l’environnement des affaires.
Ces
difficultés font que près de la moitié des start-up considèrent l’environnement
des affaires en 2023 comme moins favorable qu’en 2022, un constat préoccupant
pour la pérennité du secteur. Toutefois, malgré ces contraintes, les
entrepreneurs restent optimistes et cherchent des solutions pour surmonter ces
obstacles.
Leviers de soutien
Pour
soutenir les start-up dans leur développement, plusieurs leviers ont été mis en
place. Les incubateurs et accélérateurs jouent un rôle clé en fournissant un
accompagnement essentiel, allant de l’accès à un espace de travail à la mise en
réseau avec des investisseurs et des mentors. Ces structures permettent
également de guider les entreprises dans leur stratégie d’innovation et de
gestion.
Par
ailleurs, le secteur numérique, avec des plateformes comme LinkedIn, Facebook
et Instagram, devient un atout pour les start-up. Ces outils permettent
d’accroître la visibilité des entreprises, d'améliorer leur rentabilité et de
renforcer leur réputation sur le marché local et international. Les réseaux
sociaux sont ainsi devenus incontournables dans les stratégies commerciales,
notamment pour les start-up opérant en B2B.
En
termes d’innovation, les start-up béninoises doivent faire face à une
concurrence de plus en plus féroce, ce qui les pousse à s’adapter en
permanence. L’innovation est au cœur de leur réussite : en optimisant leurs
processus et en réduisant leurs coûts, elles peuvent améliorer leur efficacité
opérationnelle et réinvestir dans la recherche et le développement pour créer
de nouvelles opportunités de croissance.
Pour
encourager l’éclosion et le développement des start-up, le gouvernement
béninois a mis en place des mécanismes d’accompagnement. En mars 2023, un
décret a été adopté pour formaliser le cadre d’octroi du label « start-up » aux
petites et moyennes entreprises. Ce label permet aux entreprises d’être
identifiées, soutenues financièrement et accompagnées sur le plan technique.
Un
autre dispositif essentiel est le Fonds d’Appui à l’Entrepreneuriat Numérique
(Faen), mis en place par le ministère du Numérique et de la Digitalisation. Ce
fonds soutient les projets numériques au Bénin, à travers des financements
directs, des formations et des accompagnements dédiés aux start-up et aux
jeunes entrepreneurs. Ce type d’initiative est indispensable pour surmonter les
obstacles financiers auxquels font face de nombreuses entreprises.
Renforcer la compétitivité
Pour
que les start-up béninoises deviennent réellement compétitives, il est
nécessaire de renforcer les compétences des promoteurs, particulièrement dans
les domaines technologiques et innovants. L’Ocis préconise la création d’un
pool de start-up à suivre sur une période d’un an, afin de les préparer à des
concours nationaux et régionaux. Ces concours, couplés à des formations
pratiques et des immersions dans des pays à la pointe de la technologie,
permettront aux jeunes entrepreneurs de se perfectionner et de s’inspirer des
meilleures pratiques internationales.
De
plus, des partenariats avec des structures de recherche et développement
pourront aider à améliorer les compétences techniques des promoteurs, notamment
en matière d'innovation et de gestion des entreprises. Ce soutien permettra de
renforcer la culture de l’innovation au Bénin et d’assurer une meilleure
compétitivité des start-up sur le marché mondial.
L’accompagnement
des start-up ne doit pas se limiter à des actions ponctuelles, mais s’inscrire
dans une logique de suivi rigoureux. Le gouvernement, les chambres de commerce
et les structures d’accompagnement doivent travailler ensemble pour offrir un
soutien complet aux entrepreneurs béninois. Le renforcement des capacités des
structures d’accompagnement et la préparation technique des start-up pour les
concours régionaux sont des priorités à prendre en compte.
Un tel soutien doit également inclure un meilleur accès aux financements. Si les initiatives existantes, comme le Faen, sont un pas dans la bonne direction, il reste nécessaire d’élargir l’accès aux fonds dédiés aux start-up et de faciliter les procédures administratives pour encourager les investissements privés et publics dans ce secteur stratégique.
Un
potentiel en pleine croissance
L’enquête
réalisée en novembre 2023 auprès de 50 entreprises inscrites à la Chambre de
commerce et d’industrie du Bénin (Cci-Bénin) montre que la majorité des
start-up sont des entreprises individuelles (57 %), bien que 43 % aient adopté
le statut de société à responsabilité limitée (Sarl). Les promoteurs de ces
start-up sont, pour la plupart, titulaires d’un diplôme supérieur (62 %), ce
qui témoigne de la technicité du secteur.
Concernant
la performance en 2023, la majorité des start-up ont connu une évolution «
moyenne » de leurs activités par rapport à l’année précédente. Le chiffre
d’affaires et la rentabilité sont restés stables ou ont légèrement augmenté
pour la plupart des entreprises. Toutefois, l’accès aux financements reste un
point faible, avec 33 % des répondants indiquant une baisse des investissements
par rapport à 2022.
En résumé, bien que le secteur des start-up au Bénin présente de réels atouts, il doit surmonter plusieurs obstacles pour réaliser son potentiel. Le soutien institutionnel, l'amélioration des infrastructures et l’accès aux financements sont cruciaux pour renforcer la compétitivité des entreprises béninoises et les aider à s’imposer à l’échelle régionale et mondiale.