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Fonds africain de développement: A l’épreuve d’un nouveau cycle décisif

Economie
Le Fonds africain de développement demeure un outil indispensable pour éviter que les pays les plus fragiles du continent ne soient laissés en marge des dynamiques mondiales. Le Fonds africain de développement demeure un outil indispensable pour éviter que les pays les plus fragiles du continent ne soient laissés en marge des dynamiques mondiales.

Réunis à Londres les 15 et 16 décembre derniers, les partenaires du Fonds africain de développement se sont penchés sur la 17ᵉ reconstitution de ses ressources. Dans un contexte de contraction de l’aide publique au développement, l’enjeu est de garantir un financement durable aux pays africains à faible revenu, confrontés à des défis économiques, climatiques et sociaux croissants.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 23 déc. 2025 à 07h16 Durée 3 min.
#Fonds africain de développement

Guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), le Fonds africain de développement (Fad) constitue depuis 1972 l’un des principaux leviers de financement des pays africains à faible revenu. A travers des dons, des prêts à conditions avantageuses et des garanties, il accompagne aujourd’hui 37 pays du continent dans la mise en œuvre de leurs politiques de développement.

En plus de cinq décennies, le Fonds a mobilisé plus de 45 milliards de dollars au profit des infrastructures, des services sociaux et du renforcement institutionnel. Ses interventions visent à soutenir une croissance inclusive et durable, tout en veillant à la soutenabilité de la dette publique. Les priorités du Fad ont évolué au fil des besoins du continent, intégrant désormais de manière transversale la résilience climatique, la fragilité des États et l’implication du secteur privé.

L’impact du Fonds se mesure à l’échelle des territoires et des populations. Depuis 2015, selon la Bad, ses financements ont permis à 18 millions de personnes d’accéder à l’électricité, à 90 millions d’améliorer leur sécurité alimentaire, à 87 millions de bénéficier d’infrastructures de transport modernisées et à 48 millions d’accéder à l’eau potable et à l’assainissement. Au total, plus de 3 000 projets ont été financés à travers le continent.

Un rendez-vous stratégique

La réunion d’annonce des contributions à la 17ᵉ reconstitution des ressources du Fonds (Fad-17), organisée conjointement par le Royaume-Uni et le Ghana, intervient dans un contexte international particulièrement contraignant. Partout dans le monde, l’aide publique au développement subit de fortes pressions budgétaires, alors même que les besoins de financement de l’Afrique s’intensifient sous l’effet des chocs climatiques, économiques et sécuritaires.

Les consultations menées au cours de l’année écoulée ont permis de dégager les grandes orientations du cycle 2026-2028. Celles-ci mettent l’accent sur l’emploi et les moyens de subsistance, l’accès à l’énergie, le commerce et l’intégration régionale, ainsi que la viabilité de la dette et le renforcement des institutions publiques.

Instrument multilatéral singulier, le Fonds africain de développement est piloté par l’Afrique elle-même. S’il bénéficie du soutien de partenaires internationaux, il est détenu conjointement par des pays africains et non africains, et ses décisions d’investissement s’alignent sur les priorités du continent. Le nombre record de pays africains ayant pris des engagements financiers dans le cadre du Fad-17 est le signe d’une appropriation renforcée du processus de développement.

Pour l’Afrique et ses 1,5 milliard d’habitants, les engagements attendus pourraient ouvrir une nouvelle ère d’opportunités, fondée sur le capital humain, le potentiel énergétique, les richesses minérales et les terres agricoles, au service d’un développement durable et inclusif.

Financements concessionnels, mécanismes innovants

Le modèle financier du Fonds repose sur des cycles triennaux de reconstitution des ressources. Les contributions des partenaires sont combinées aux remboursements internes et aux ressources du guichet non concessionnel de la Bad, permettant de financer des projets de plus grande envergure et de mobiliser des capitaux privés, notamment dans des environnements à haut risque.

Dans un contexte de raréfaction des ressources mondiales, le Fad-17 introduit des innovations majeures, dont l’option d’emprunt sur les marchés de capitaux. Ce mécanisme vise à accroître significativement la capacité financière du Fonds, tout en maintenant son caractère concessionnel au profit des pays les plus vulnérables. Le cadre politique nécessaire à son opérationnalisation est actuellement en cours de mise en œuvre.

La dix-septième reconstitution s’inscrit également dans une nouvelle phase stratégique pour le Groupe de la Bad, sous la conduite de son nouveau président, Sidi Ould Tah, entré en fonction en septembre dernier. Son programme articulé autour des « Quatre points cardinaux» vise à mobiliser davantage de capitaux, à réformer l’architecture financière africaine, à valoriser le potentiel démographique et à accélérer le développement d’infrastructures résilientes au climat.