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Forum africain des transports 2024: Les jalons d’une connectivité durable pour l’intégration économique

Economie
Relever les défis liés à l’infrastructure et à la logistique en Afrique Relever les défis liés à l’infrastructure et à la logistique en Afrique

Le Forum africain des transports 2024, tenu la semaine dernière à Abidjan, a posé les fondations d’un avenir interconnecté pour l’intégration économique sur le continent.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 25 sept. 2024 à 07h13 Durée 2 min.
#Forum africain des transports 2024

Avec une population du continent prévue pour atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050, la nécessité d’infrastructures résilientes et durables est plus pressante que jamais. Les recommandations de la deuxième édition du Forum africain des transports (Atf 2024), qui s'est tenue du 18 au 20 septembre à Abidjan, définissent la trajectoire des transports africains pour les années à venir, afin de favoriser une intégration économique plus profonde et une prospérité partagée.

Organisé par la Banque africaine de développement (Bad) sur le thème « L’Afrique en mouvement - Accélérer la connectivité des transports et la logistique durables », cet événement a réuni ministres, experts et acteurs du secteur privé, tous mobilisés pour relever les défis liés à l’infrastructure et à la logistique en Afrique.

Les discussions ont révélé un consensus fort : pour que l’Afrique atteigne son plein potentiel, elle doit surmonter les obstacles à la connectivité. Le déficit de financement, le manque de capital humain et les lacunes en matière de technologies numériques ont été largement évoqués, notamment par Robert Lisinge de la Commission économique pour l’Afrique, qui a souligné les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Les intervenants ont convenu que l’intégration des technologies numériques et de l’intelligence artificielle dans les systèmes de transport est indispensable. La collecte de données fiables, y compris par satellite, doit être renforcée pour permettre des décisions éclairées.

Renforcer les corridors

Les échanges ont également porté sur la nécessité d’harmoniser les réglementations et de faciliter le commerce à travers des postes de contrôle uniques.

À l’ouverture du forum, Solomon Quaynor, vice-président du Groupe de la Bad, a souligné l’urgence de moderniser les infrastructures de transport sur le continent. « La connectivité doit être le moteur de la croissance inclusive et de la création d’emplois », a-t-il déclaré, mettant en avant les efforts de la Bad à travers le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (Pida). Ce programme vise à renforcer les infrastructures transfrontalières dans les secteurs de l’énergie, des transports et des technologies de l’information.

Les ministres des Transports ont appelé à une coopération accrue pour développer des corridors transfrontaliers essentiels. Luc Sorgho, ministre de l’Infrastructure et du Désenclavement du Burkina Faso, a insisté sur la nécessité de créer des synergies pour fluidifier le transit des marchandises via des infrastructures modernes.

Matar Ceesay, secrétaire permanent du ministère des Transports, des Travaux et des Infrastructures de la Gambie, a également plaidé pour l’avancement des projets autoroutiers comme Abidjan-Lagos et Abidjan-Bamako-Dakar, la suppression des barrières et le renforcement de l’intégration.

Transports ferroviaire, aérien et maritime

Les participants ont également discuté du transport ferroviaire. Lubinda Sakanga, directeur technique et des opérations de l’Association des chemins de fer d'Afrique australe (Sara), a appelé à abandonner une «vision coloniale des transports ferroviaires basée sur l’extraction et le transport des matières brutes vers les ports africains». Selon lui, « Le ferroviaire doit d’abord connecter les pays et les espaces régionaux africains ».

Dieudonné Ndayikunda Dukundane, ministre des Infrastructures, de l’Équipement et de l’Habitat social du Burundi, a également plaidé pour la création d’une « facilité pour les corridors ferroviaires » afin d’accroître le volume des échanges par voie ferrée. « Le chemin de fer est le seul moyen de changer la donne, surtout dans le cadre de la Zlecaf. Cependant, il est essentiel d’adopter une approche multimodale des transports pour tirer parti des opportunités offertes par chaque système: route, rail, voies navigables, etc.», estime-t-il.

Concernant le transport aérien, Abderrahmane Berthé, secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), a souligné que « la connectivité aérienne est vitale pour le commerce, le développement, les affaires et le tourisme ». Il a plaidé pour l’amélioration des infrastructures aériennes, souvent entravée par des problèmes de taxation et de coopération entre les compagnies.

Sur le front maritime, Paul Adalikwu, secrétaire général de l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a évoqué le potentiel des voies navigables intérieures, comme le Nil et les Grands Lacs, pour soutenir le transport durable et interconnecté.

L’engagement de la Banque africaine de développement à soutenir ces initiatives est crucial, alors que le continent aspire à devenir la plus grande zone de libre-échange du monde. Les échanges constructifs entre ministres et experts laissent entrevoir une dynamique positive, essentielle pour atteindre les objectifs de développement durable en Afrique■