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Jules Dédjila, conseiller technique à l’économie numérique du chef de l’Etat: «L’économie numérique doit impacter la croissance»

Economie
Par   LANATION, le 19 janv. 2016 à 06h01

Du 21 au 22 janvier prochain, se tiendra à Cotonou, capitale économique du Bénin, la 1re édition des assises nationales du numérique. Placées sous le thème : «La vitrine de l’innovation numérique au Bénin : place au privé», ces assises se veulent le déclic qui propulsera le secteur numérique au Bénin, en vue d’en faire non seulement un véritable outil de développement, mais aussi un moyen pour éradiquer le chômage des jeunes. Le Conseiller technique à l’économie numérique du chef de l’Etat Jules Dédjila évoque les enjeux et opportunités de cette rencontre.

La NATION : Quelle est la vision du gouvernement béninois pour le secteur du numérique au Bénin ?

Jules Dédjila : Le gouvernement béninois aimerait utiliser le secteur de l’économie numérique comme moteur pour la croissance économique de notre pays. Pour cela, il faut structurer ce secteur, il faut l’assainir d’abord. Donc par rapport à tout ce qu’on a comme institutions, tout ce qu’on a comme règlementations dans le secteur, il faut structurer et définir les rôles et responsabilités de chaque partie. Ensuite, il faut investir dans les infrastructures. Ce que le gouvernement a commencé avec le développement du réseau mais aussi de quelques infrastructures. Il en est de même avec la promotion de la migration vers la 4 G aussi bien avec Bénin-Télécom Service qu’avec le secteur privé. D’un autre côté, on a la migration de l’analogique au numérique qui est aussi un élément important dans la croissance grâce à l’économie numérique. Le gouvernement a mobilisé tout l’effort qu’il faut pour que ce secteur puisse devenir un véritable facteur de croissance économique.

Pour ces premières assises du numérique, quels sont les objectifs et les cibles attendus ?

Les objectifs comme le chef de l’Etat nous l’a clairement signifié, c’est de pouvoir mobiliser la diaspora et le secteur privé autour de quelques projets fédérateurs dans le numérique, des projets structurants pour le secteur et surtout insister sur le problème du chômage des jeunes. Donc, il faut que ces projets puissent apporter des réponses précises au chômage des jeunes. Cela veut dire que les initiatives que le gouvernement veut promouvoir doivent avoir une partie importante d’emplois pour les jeunes.

Quid des cibles qui sont attendues ?

Les cibles qui sont attendues comme je vous l’ai dit, premièrement il y a la diaspora. On a beaucoup de compétences, dans le numérique au niveau de la diaspora, que ce soit dans le public ou le privé qui sont des références dans leurs domaines. L’objectif de ces premières assises, c’est d’attirer cette diaspora vers le Bénin et lui montrer comment est-ce qu’elle peut, tout en étant de la diaspora, par le numérique, investir au Bénin et promouvoir aussi le Bénin dans ses activités. L’autre côté, c’est aussi les investisseurs étrangers. Il s’agit de leur montrer toutes les opportunités qu’il y a au niveau du Bénin. En terme de numérique aujourd’hui, c’est un grand chantier que ce soit au niveau des réseaux de télécommunication, qu’au niveau des applications ou des technologies diverses que l’on peut déployer. Le champ est vierge et justement le gouvernement est allé un peu plus loin en mettant à disposition de ces investisseurs potentiels, un terrain de 12 hectares qui est situé à Fidjrossè. Ce terrain est un peu comme finalement un terrain de travail pour les différents investisseurs afin qu’ils puissent déployer l’innovation numérique, la vitrine de l’innovation numérique au Bénin.

En termes de débat monsieu, le conseiller technique, quels seront les grands sujets qui seront débattus lors de ces premières assises du numérique au Bénin ?

Il y a plusieurs sujets qui seront débattus. On va parler de comment est-ce que l’économie numérique impacte la croissance et le développement d’un pays. D’un autre côté, on veut s’assurer que toutes les parties de la société jouent leur rôle. Quand je parle de partie, je parle du secteur privé, du secteur privé local, de l’international, je parle des pouvoirs publics, et aussi des partenaires techniques et financiers, de la communauté numérique locale. On a des développeurs ici, on a des communautés locales qui sont très vivantes. On veut voir un peu avec la diaspora béninoise comment définir les rôles et implications de chaque personne, afin que le gouvernement puisse tout mettre en place pour faciliter l’éclosion de l’innovation dans notre pays. Autre sujet qui pourrait être avancé, c’est de faire un peu l’état des lieux des chantiers en cours et de voir comment on peut les améliorer. On va parler de technologies émergentes dans le domaine du numérique, on va aussi voir ensemble, les expériences de différents pays qui sont cités comme références dans le domaine comme la Croatie par exemple dont on pourrait s’inspirer dans le développement du numérique. On va parler évidemment de la position du Bénin dans la sous-région et comment est-ce que le Bénin peut jouer un rôle de hub numérique dans le domaine. Nous avons également fait un appel à propositions pour que les gens nous proposent des projets structurants, des projets fédérateurs que le gouvernement peut aider, voire accompagner dans le domaine du numérique. Donc ça peut être de l’installation d’incubateurs aux projets de mise en place de ‘’data center’’ ou au projet de mise en place de nouveaux centres d’appel. On est ouvert à écouter, pourvu que le problème de l’emploi des jeunes soit pris en compte.

«Vitrine de l’innovation au Bénin : place au privé» est le thème de la première assise du numérique au Bénin. Dites-nous, pourquoi avoir mis un accent particulier sur le secteur privé ?

Tout à fait. On a mis l’accent sur le secteur privé parce qu’on sait que dans le domaine du numérique, ça évolue très vite. Les technologies sortent généralement rapidement et tous les six mois, il y a de nouvelles technologies et on a besoin des acteurs qui sont capables d’adapter et de déployer, non seulement rapidement ces technologies, mais aussi de les faire évoluer. C’est rare que ce soit le gouvernement, c’est généralement le privé qui investit et qui propose des adoptions durables dans le temps. Alors le gouvernement est là pour mettre les conditions et les formes pour que le privé puisse jouer son rôle. Au niveau du gouvernement, nous croyons beaucoup au secteur privé béninois et à celui international dans le domaine pour un développement durable dans le numérique au Bénin. C’est pourquoi on veut mettre vraiment l’accent sur le privé et surtout à cause de la rapidité que celui-ci a à adopter de nouvelles technologies.

Que retenir des initiatives gouvernementales dans le secteur du numérique pour juguler le chômage au niveau de la couche juvénile ?

Le gouvernement comme je l’ai dit depuis le début, a compris qu’il faut profiter du numérique pour s’attaquer aux problèmes de l’emploi des jeunes, ce qui n’est pas évident de prime abord, parce que normalement, quand on informatise, ça diminue généralement le nombre de ressources humaines requises. Mais le président de la République a insisté parce que si on n’occupe pas cette jeunesse, si on ne leur trouve pas des opportunités de sortir de la maison, cela va constituer un problème pour la nation. Le président a insisté que dans toutes nos initiatives, dans tout ce que nous faisons, nous puissions tenir compte de ce facteur important qu’est l’emploi des jeunes. C’est pour cela, vous avez vu récemment le gouvernement a beaucoup investi dans les centres d’appel. Les centres d’appel sont à forte consommation de main d’œuvre juvénile. Et le gouvernement a mis beaucoup de temps à vendre à lui-même, parce que c’est le gouvernement qui est le premier client des centres d’appel pour les services de l’Etat. Et des milliers de jeunes aujourd’hui aimeraient aller beaucoup plus loin. Aujourd’hui, des milliers de jeunes sont déjà des conseillers dans les centres d’appel au Bénin. On aimerait aller plus loin pour que le secteur privé béninois et international, puissent adopter le Bénin comme destination sûre pour les centres d’appel. Le gouvernement prévoit créer des dizaines de milliers d’emplois dans ce domaine, rien qu’en faisant la promotion de la destination Bénin comme un endroit sûr pour les investissements dans les centres d’appel. Ça fera partie des discussions que nous aurons durant les assises du numérique. On vise créer 50. 000 emplois. C’est faisable. On a des gens qui viennent du Maroc et qui en ont créé 10.000, rien que par les centres d’accueil. On croit qu’avec une composante centre d’appels, on peut créer des milliers d’appels. Mais il n’y a pas que ça : comme je l’ai dit, on a 12 hectares, on a des propositions de plan d’ensemble de différentes entreprises qui peuvent s’installer dans ce domaine et encore une fois, on aura des incubateurs de jeunesse. Tout ça va occuper beaucoup nos jeunes et c’est vraiment vers ça qu’on s’en tire.

Quel est votre appel à l’endroit des cibles qui sont attendues ?

Mon appel est de leur dire que c’est vraiment une opportunité unique. C’est la première fois qu’on a une telle opportunité de disposer d’un terrain de douze hectares où le gouvernement dit : je veux en faire la vitrine de l’innovation numérique au Bénin. On aimerait que différentes structures puissent s’installer à cet endroit. Ça va être un endroit où la connexion serait disponible suivant les normes internationales, où on va s’assurer que l’énergie est disponible suivant les normes internationales. Je pense que les acteurs qui ont travaillé dans ce domaine au Bénin ne devraient pas rater cette opportunité. Ils doivent vraiment faire partie de la vitrine de l’innovation numérique au Bénin. Donc c’est un appel à tous. Ce sont des rassemblements de projets structurants que nous voulons défendre et on a besoin des uns et des autres pour en faire une réussite. On lance une invitation à toutes les parties à se joindre à nous pour les assises, afin que nous poussions nous en sortir avec des chantiers communs, des projets structurants pour l’essor du Bénin dans la sous-région et à l’international?