La Nation Bénin...
Des politiques visant la résilience climatique
sont nécessaires pour accroître la participation des pays en développement aux
chaînes de valeur mondiales, suggère une récente étude sur le lien entre les
catastrophes et l’économie.
Le changement climatique affecte
significativement et négativement la participation des pays en développement
aux chaînes de valeur mondiales, d’après une étude menée par Kodjo Théodore
Gnédéka et Kwami Ossadzifo Wonyra de la Faculté des sciences économiques et de
gestion (Faseg) de l’Université de Lomé. Cette étude intitulée «Effet du
changement climatique sur la participation aux chaînes de valeurs mondiales:
Evidence de certains pays en développement » est publiée dans la Revue
d’analyse des politiques économiques et financières (Rapef, Volume 6 - Juin
2023). Basée sur un échantillon de 27 pays en développement de 2005 à 2019,
elle précise que l’amélioration de la participation des pays en développement
aux chaînes de valeur mondiales passerait par la mise en place des politiques
visant la résilience des pays au changement climatique. Des mesures devraient
être prises pour éradiquer ou réduire l’occurrence des évènements extrêmes tels
que les inondations et la sécheresse, insistent les auteurs. Ces événements
extrêmes affectent les infrastructures et les routes commerciales qui sont
essentielles dans la distribution des produits intermédiaires ou finis entre
les entreprises ou les pays, et ainsi perturbent les chaînes de valeur
mondiales.
Des études antérieures ont montré que la
participation aux chaînes de valeur mondiales peut contribuer à une
amélioration de la part de l'emploi soutenue par la demande finale étrangère
des services, surtout dans les entreprises manufacturières et générer des
rendements plus élevés pour le capital. Elle permet aux producteurs d’accéder à
de nouveaux marchés et à des rendements potentiellement plus élevés, et peut
affecter à la fois le volume et la valeur des biens et services qu'ils
produisent.
Relation
Les inondations et les sécheresses occasionnées
par le réchauffement climatique, affectent les installations portuaires ainsi
que les bâtiments, les routes, les voies ferrées, les aéroports et les ponts,
ce qui constitue un frein pour un développement harmonieux des chaînes de
valeur mondiales, soulignent les chercheurs. Elles peuvent peut également être
à l’origine de la réglementation de la disponibilité du courant électrique qui
constitue un élément favorisant la participation des entreprises aux chaînes de
valeur mondiales, à travers la destruction des barrages hydroélectriques ou la
baisse de la capacité des barrages.
La plupart des pays en développement étant des
économies fortement agraires et donc dépendants du climat, les catastrophes
extrêmes peuvent affecter leurs productions agricoles, et donc anéantir leurs
efforts de participation aux chaînes de valeur mondiales, expliquent les
auteurs. De plus, ajoutent-ils, les événements hydrométéorologiques extrêmes
peuvent également être à l’origine de la dégradation du capital humain
compétent pour amorcer la participation aux chaînes de valeur mondiales. C’est
dire que le changement climatique peut affecter l’économie, en affaiblissant à
long terme la productivité totale des facteurs de production et en mettant en
péril la recherche-développement qui est un élément important pour la
durabilité et le développement des chaînes de valeur mondiales.
Par ailleurs, l’étude souligne l’importance de
certains facteurs tels que les investissements directs à l’étranger (Ide),
l’accès à l’électricité, la lutte contre la corruption et l’accès au crédit.
Nécessité d’un modèle de croissance adaptatif pour le Bénin
Bien que ses émissions de gaz à effet de serre
(Ges) soient seulement d’environ 0,05 % des émissions mondiales, le Bénin subit
de plein fouet les effets du changement climatique. Selon le Rapport national
sur le climat et le développement (Ccdr) du Bénin publié en décembre par la
Banque mondiale, les périodes de saisons sèches et humides risquent de devenir
plus extrêmes, avec un risque accru de sécheresses et d’inondations si rien
n’est fait.
Dans le cadre d’un scénario de réchauffement
climatique de 2,7 °C à l’horizon 2070, environ 98 % du territoire du Bénin
devrait être exposé à des températures extrêmes, précise le document. En
l’absence de mesures d’adaptation adéquates, les pertes économiques annuelles
moyennes augmenteraient pour atteindre jusqu’à 19 % du produit intérieur brut
(Pib) à l’horizon 2050.
Le rapport préconise alors que le pays se concentre sur l’édification d’une économie résiliente, en adoptant des options d’investissement et de politique principalement axées sur l’adaptation aux risques liés au changement climatique. Cette résilience est particulièrement pressante pour l’agriculture, l’utilisation des terres, les infrastructures urbaines et de réseau, ainsi que l’éducation et la santé.
Les catastrophes extrêmes peuvent affecter les productions agricoles des pays en voie de développement