La Nation Bénin...
Malgré
les prouesses enregistrées ces dernières années, l’administration fiscale
béninoise a encore du grain à moudre, relève une récente évaluation suivant
l’outil de diagnostic Tadat du Fmi. Et pour cause !
Faible
fiabilité du fichier des contribuables, cadre réglementaire non adapté à
l’automatisation du traitement de la défaillance déclarative, faibles taux de
paiement de Tva dans les délais, mesures insuffisantes pour détecter et
dissuader la fraude fiscale, délais de traitement du contentieux et des
remboursements de crédit de Tva longs, contrôle externe limité...Tels sont les
points faibles de l’administration fiscale du Bénin relevés à l’issue d’une
récente évaluation conduite par une équipe du Fonds monétaire international
(Fmi).
Réalisée
au moyen de l’outil diagnostique d’évaluation de l’administration fiscale
(Tadat) au cours de la période du 15 au 28 novembre 2023, ladite évaluation
fait suite à une première faite en 2019. Le système de notation est structuré
en fonction des 9 domaines d’analyse de la performance (Da) de l’outil Tadat et
de 32 grands indicateurs essentiels à la performance de l’administration
fiscale.
Les
différentes notes sont contenues dans le Rapport technique du département des
Finances publiques du Fmi intitulé « Bénin : Outil diagnostique d’évaluation de
l’administration fiscale » (Fmi, Janvier 2024). Entre autres points forts, la
mission d’évaluation dirigée par Anne-Claire Jarry-Bouabid, souligne un système
d’immatriculation pertinent et une interopérabilité avancée des systèmes
d’informations des administrations financières ainsi qu’une gestion des risques
structurée et fondée sur une cartographie des risques, un plan d’amélioration
du civisme fiscal et un plan de continuité d’activité. La qualité des actions
pour promouvoir le civisme fiscal et assister les contribuables dans leurs
démarches est aussi saluée tout comme la généralisation des téléprocédures aux
grandes et aux moyennes entreprises.
Première
des régies financières du Bénin en matière de mobilisation des ressources, la
direction générale des Impôts (Dgi) dispose d’une large gamme de dispositifs de
retenues à la source et d’acomptes provisionnels, de recours contentieux
progressif et indépendant et de prévision des recettes fiscales robuste et une
fonction d’audit interne opérationnelle.
Points à améliorer
La
Dgi devra renforcer la détection des contribuables potentiels. En fait, les
initiatives visant à détecter de nouveaux contribuables (entreprises et
particuliers) et élargir l’assiette fiscale existent mais elles sont encore
effectuées de manière ponctuelle.
Des
efforts restent également à faire en matière de gestion des risques,
l’administration fiscale disposant d’un processus structuré et documenté
d’identification, d’évaluation et d’atténuation mais dont la mise en œuvre
recèle encore des insuffisances, selon la mission du Fmi.
Pour
la promotion du civisme fiscal, relève-t-elle, il n’existe pas de déclarations
préremplies et les questions fréquemment posées ne sont pas analysées pour
améliorer la qualité de service, quoique les petits contribuables bénéficient
d’un régime fiscal simplifié.
En
matière de dépôt des déclarations fiscales, la procédure de relance et de
taxation d’office des défaillants est automatisée dans le Système intégré de
gestion des pots du Bénin (Sigibé), mais les délais légaux ne permettent pas
leur finalisation en moins de 21 jours pour tous les impôts de base. Par
ailleurs, les taux de paiement de taxe sur la valeur ajoutée (Tva) dans les
délais restent faibles, tant en nombre qu’en valeur. La Dgi est appelée à
renforcer les mesures pour inciter les contribuables à produire des
déclarations exactes. En fait, la doctrine fiscale et les rescrits anonymisés
sont publiés mais il n’existe pas d’accords préalables individualisés avec les
contribuables pour améliorer le civisme fiscal.
En
termes de règlement des contentieux, un dispositif progressif et indépendant
existe, mais la mission du Fmi constate que peu de dossiers contentieux sont
traités dans le délai légal.
En
ce qui concerne la gestion efficiente des recettes fiscales, il manque un
module comptable permettant la tenue d’une comptabilité en partie double. De
même, les décisions de remboursement de crédits de Tva ne sont pas rendues dans
le délai d’un mois et aucun intérêt moratoire n’est versé.
Pour ce qui est de la redevabilité et de la transparence, un dispositif d’enquête sur les manquements à l’éthique professionnelle est mis en œuvre, mais aucun suivi des signalements n’a été produit. Un contrôle externe indépendant devra être réalisé sur les états financiers.
Porter le taux de pression fiscale à 14 % en 2026.
La
mise en œuvre du Plan d’orientation stratégique de l’administration fiscale
(Posaf 2023-2027) dont s’est dotée la Dgi devrait contribuer à relever ces
défis et ainsi renforcer la gouvernance de l’administration fiscale et
améliorer la qualité de services aux usagers et contribuables. La mobilisation
des recettes constitue un élément essentiel dudit plan. Il est question de
porter le taux de pression fiscale qui s’est établi à 12,2 % du Pib à fin 2022
à 13,2 % en 2024, puis à 14,0 % en 2026, selon les projections contenues dans
le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep
2024-2026).
Au
nombre des principaux impôts et taxes en vigueur, l’analyse de l’évolution
comparée des recettes fiscales montre une progression de 40 % en 2022 par
rapport à 2020. La taxe sur la valeur ajoutée (Tva) nette, avec un taux normal
de 18 % représente 52,3 % de ces recettes fiscales, soit 5,3 % du produit
intérieur brut (Pib), l’impôt sur les sociétés (Is) : 17,8 % des recettes
fiscales soit 1,8 % du Pib, l’impôt sur les traitements et salaires (Its) : 9 %
des recettes fiscales soit 0,9 % du Pib. Les droits d’accises sur les
importations représentent 0,1 % du Pib et la Tva à l’importation 2,4 % du Pib.
Les autres impôts sont notamment la taxe professionnelle synthétique (Tps),
l’acompte sur impôt assis sur les bénéfices (Aib), la patente, la taxe sur les
activités financières et assurances (Tafa), les droits d’enregistrement et de
timbre.
Les
taux de télédéclaration des impôts de base sont conformes aux standards
internationaux. Ils sont respectivement en 2022 de: Is (97,7 %), Iba (100 %),
Tva (87,5 %), droits d’accises intérieurs 100 %) et Its (87,2 %) pour
l’ensemble de la Dgi et de 100 % pour les grands contribuables.