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Projections économiques régionales: Des perspectives macroéconomiques favorables

Economie
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Les perspectives macroéconomiques à moyen terme dans la sous-région ouest-africaine s’annoncent relativement favorables, malgré un environnement international encore incertain. 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 29 déc. 2025 à 00h59 Durée 3 min.
#Espace Uemoa

Selon les hypothèses de projection retenues dans le dernier rapport sur la politique monétaire dans l’Umoa, la baisse attendue des prix des produits alimentaires importés, la poursuite de la consolidation budgétaire et l’orientation prudente de la politique monétaire devraient contribuer à la préservation de la stabilité macroéconomique et financière de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

À moyen terme, l’économie ouest-africaine devrait évoluer dans un contexte marqué par un certain apaisement des pressions inflationnistes et un renforcement progressif des équilibres macroéconomiques. L’un des principaux facteurs soutenant ces perspectives est l’évolution attendue des cours mondiaux des produits alimentaires importés par les pays de l’Uemoa. Selon des prévisions fondées sur les données du Fonds monétaire international (Fmi), de la Fao, de la Banque mondiale et de Bloomberg, ces prix devraient reculer de 7,4 % en 2025 puis de 4,7 % en 2026, en variation annuelle. Cette orientation baissière s’expliquerait notamment par la stagnation de la demande mondiale et par des conditions d’offre jugées favorables sur les marchés internationaux. Pour les pays de l’Union, fortement dépendants des importations alimentaires, cette évolution constitue un facteur clé de modération de l’inflation et d’allègement de la pression sur le pouvoir d’achat des ménages.

Les hypothèses de projection reposent sur la mise en œuvre d’un dosage macroéconomique jugé cohérent avec les objectifs de stabilité monétaire et financière. L’orientation de la politique monétaire, combinée à la poursuite de la consolidation budgétaire par les États membres et à une gestion plus prudente du financement des déficits publics, devrait contribuer à préserver les équilibres macroéconomiques de l’Union. Dans ce cadre, les États sont appelés à poursuivre les engagements pris dans le cadre des programmes économiques conclus avec le Fmi, en privilégiant notamment des politiques budgétaires axées sur la réduction progressive des déficits. L’année 2025 est également marquée par un recours significatif aux marchés financiers internationaux. Des mobilisations brutes d’eurobonds ont été enregistrées, notamment par la Banque ouest-africaine de développement (Boad) pour 966,6 milliards de Fcfa, la Côte d’Ivoire pour 1 503,0 milliards et le Bénin pour 318,0 milliards de FCfa. À ce stade, seule la Côte d’Ivoire envisage une nouvelle émission d’euro-obligations en 2026, pour un montant estimé à 867,1 milliards de FCfa. Toutefois, d’importantes tombées d’échéances sont attendues sur la période 2025-2030, en particulier pour la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ce qui impose une gestion prudente de la dette publique.

Matières premières et agricoles

Selon les données issues des tableaux des opérations financières de l’État (Tofe), le déficit budgétaire de l’Union devrait s’établir à 3,9 % du Pib en 2025, puis à 3,3 % en 2026, après 5,4 % en 2024. Cette amélioration progressive reflète les efforts de consolidation budgétaire engagés par les États membres, en ligne avec les critères de convergence régionaux. La production pétrolière de l’Union devrait atteindre un pic en 2025, à environ 240 770 barils par jour, avant de se replier à partir de 2026. En revanche, la production minière devrait se consolider au cours des prochaines années. Au Burkina Faso, les réformes visant à centraliser la production artisanale d’or ont déjà permis de collecter 36 tonnes à fin septembre 2025, contre 8 tonnes sur l’ensemble de l’année 2024. Au Sénégal, la mise en exploitation de la mine de Boto devrait soutenir la production aurifère, tandis qu’au Mali, les investissements dans l’or et l’entrée attendue en production du lithium, à hauteur de 590 000 tonnes de concentré par an dès 2025, renforcent les perspectives du secteur extractif. Au Niger, la production d’uranium devrait se normaliser à partir de 2026, grâce à la poursuite des investissements.

Les perspectives agricoles apparaissent également encourageantes. Selon le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss), la campagne agricole 2025/2026 a bénéficié d’un démarrage précoce et d’une pluviométrie abondante dans la plupart des pays de la région. La production céréalière est estimée entre 78 et 88 millions de tonnes au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Les perspectives indiquent une hausse de 5,0 % de la production céréalière pour les campagnes 2025/2026 et 2026/2027. Enfin, les projections macroéconomiques intègrent l’hypothèse d’une stabilité de l’environnement sécuritaire et socio-politique sur la période considérée. Deux scénarios alternatifs, haussier et baissier, encadrent toutefois ces perspectives, en tenant compte de possibles variations des cours des produits alimentaires, du pétrole et du taux de change. Dans l’ensemble, les perspectives à moyen terme demeurent favorables, à condition que les réformes engagées soient poursuivies et que les chocs exogènes restent contenus.