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Trafic maritime au Bénin: Le port de Cotonou sur la voie de la relance

Economie
PAC / MEF, Rapport d’exécution du budget (Rapex), T1 2025 PAC / MEF, Rapport d’exécution du budget (Rapex), T1 2025

Après des mois de ralentissement lié à la fermeture de la frontière nigérienne, le Port autonome de Cotonou renoue avec une dynamique vigoureuse. Le premier trimestre 2025 affiche une forte hausse du trafic, grâce à l’envol des importations de transit et des exportations agricoles et industrielles.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 01 juil. 2025 à 09h41 Durée 3 min.
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L’année 2025 a démarré sous de bons auspices pour le Port autonome de Cotonou (Pac). Le trafic global de marchandises a atteint 3,52 millions de tonnes au premier trimestre, contre 1,99 million de tonnes un an plus tôt, soit une progression spectaculaire de 76,1 % en glissement annuel et de 14,6 % par rapport au dernier trimestre 2024, selon les données du Pac contenues dans le Rapport d’exécution du budget (Rapex) au premier trimestre.

Cette performance replace le port sur une trajectoire de croissance équivalente à celle d’avant les crises diplomatiques et logistiques ayant affecté la plateforme. Elle repose essentiellement sur une hausse conjointe des importations et des exportations.

Le nombre de navires commerciaux accostés, indicateur clé de l’activité portuaire, s’est établi à 194 sur les trois premiers mois de l’année, contre 159 à la même période en 2024, soit une hausse de 22 % sur un an. Toutefois, ce volume reste inférieur aux quelque 285 à 300 navires enregistrés par trimestre avant la crise. Le retour progressif des flux maritimes témoigne d’un redémarrage, mais la reprise reste partielle. La réouverture effective de la frontière nigérienne, encore attendue, devrait relancer pleinement les échanges régionaux et le trafic de transit.

Forte reprise du commerce extérieur

Le redressement du trafic est largement soutenu par une forte reprise des importations. Celles-ci ont bondi à 2,22 millions de tonnes au premier trimestre 2025 contre 1,26 million de tonnes au premier trimestre 2024, soit une hausse annuelle de 76,8 %. Selon le Rapex, cette croissance traduit les effets des efforts du gouvernement pour relancer le corridor béninois, notamment via des mesures d’accompagnement du secteur logistique et des opérateurs portuaires. Ces efforts visent à dynamiser le trafic de transit, notamment en direction des pays de l’hinterland.

En ce qui concerne les exportations, la dynamique est tout aussi soutenue, avec 1,17 million de tonnes de marchandises expédiées au premier trimestre 2025 contre 607 204 tonnes un an plus tôt, ce qui représente une progression de 92 %. Cette évolution est attribuée à la bonne campagne agricole 2024-2025, mais aussi à la montée en puissance des unités de transformation installées dans la zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz). Tournant désormais à plein régime, elles participent à la valorisation des matières premières locales, faisant progressivement de la Gdiz un levier important pour l’exportation de produits à plus forte valeur ajoutée.

Transbordement et compétitivité en question

Le segment du transbordement, toujours en convalescence après plusieurs trimestres difficiles, montre des signes de reprise. Le volume traité s’est établi à 40 307 tonnes au premier trimestre 2025, en baisse de 43,5 % par rapport aux 71 308 tonnes du premier trimestre 2024. Toutefois, comparé au creux du quatrième trimestre 2024 (chiffré à 10 480 tonnes), le rebond est spectaculaire : +284,6 % en variation trimestrielle.

La hausse générale du trafic de 14,6 % sur un trimestre est portée principalement par les importations, mais aussi par ce rebond ponctuel du transbordement et par une légère amélioration des tarifs, qui confirment un regain d’attractivité du port de Cotonou comme hub sous-régional.

Malgré ce tableau encourageant, plusieurs défis restent à surmonter pour garantir une relance durable. Il s’agira de moderniser les infrastructures portuaires, fluidifier les procédures douanières, et renforcer la compétitivité logistique dans un environnement régional de plus en plus concurrentiel. Le Port autonome de Cotonou doit également capitaliser sur cette dynamique, notamment à travers une meilleure insertion dans la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Toutes choses auxquelles le port s’est engagé lors de la célébration de ses 60 ans d’existence. Ainsi, il pourrait non seulement consolider sa place dans le paysage maritime ouest-africain, mais aussi jouer un rôle moteur dans la relance économique du pays.