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Le développement endogène par l’agriculture: Une autre stratégie adéquate et innovante

Environnement
Par   Didier Pascal DOGUE, le 30 avr. 2015 à 06h40

L’Institut de développement et d’échanges endogènes (IDEE) du professeur Honorat Aguessy abrite du 27 avril au 2 mai prochain, un colloque international sur le thème : "Pour une agriculture panafricaine, autosuffisante, compétitive et impulsant le développement". A cette occasion, plusieurs ateliers seront tenus et différents sous-thèmes exposés. Les contextes et objectifs des ateliers 4 et 5 abordent les métiers verts dans les systèmes d’éducation, de formation et de réinsertion, d’une part et l’agriculture et l’industrialisation d’autre part.

Démontrer que l’agriculture demeure l’arme la plus efficace dont dispose le panafricanisme dans sa vision d’une Afrique épanouie et prospère. Tel est l’objectif fondamental que vise le colloque de l’IDEE à Ouidah ouvert lundi dernier et qui prend fin samedi prochain.
En Afrique, l’agriculture reste une organisation du cercle familial. Il convient aussi de souligner que le pilier de cette agriculture familiale reste et demeure la femme depuis les temps immémoriaux. Aujourd’hui, les denrées en Afrique sont produites à près de 80% par les femmes avec des méthodes endogènes de pratiques culturales. Donc, tant que c’est la femme qui gère le système de production, les techniques et méthodes culturales endogènes séculaires sont toujours préservées. Avec la femme, l’agriculture reste respectueuse de l’environnement et de la santé à travers des systèmes de rotation de culture et de compostage.

De même, l’agro-écologie reste une réalité. Mais il est regrettable que cette dynamique millénaire finisse par être mise à mal avec l’introduction de plus en plus constatée de produits de synthèse dans l’agriculture : pesticide, engrais chimique, semences hybrides, Organismes génétiquement modifiés. Comme en Occident, la tendance est vers une "phallocratisation" de l’agriculture avec pour conséquence immédiate, la marginalisation des règles d’éthique de santé et de protection de la nature.
Le but de l’atelier est de faire une étude comparative entre l’agriculture de synthèse et l’agro-écologie/agriculture biologique en vue de montrer chiffres à l’appui, laquelle est bénéfique pour l’Afrique, faire l’état des lieux sur le niveau de pénétration des produits de l’eugénisme scientifique (OGM) en Afrique et de proposer un plan de préservation et de sauvegarde du savoir cultural endogène. Il s’agit également de faire l’état des lieux sur l’industrialisation de l’agriculture en Afrique, de proposer une méthode d’industrialisation équilibrée et adaptée à l’Afrique à travers une technologie et une mécanisation innovante et montrer l’influence de l’exploitation agricole sur la modification de la couche d’ozone voire le changement climatique.
L’atelier n°5 évoque les métiers verts dans les systèmes d’éducation, de formation et de réinsertion.
En effet, l’agriculture demeure également, le moyen le plus immédiat et disponible dont dispose l’Afrique pour concrétiser le panafricanisme et impulser le développement. Il est alors nécessaire à cette fin de développer une autre stratégie adéquate et innovante dans l’élaboration et la mise en application des modules d’enseignement. Il y a un constat du divorce entre l’intellectuel citadin et le paysan à tel point qu’un certain rapport de "centre" et "périphérie" rend aujourd’hui presqu’impossible toute idée de rapprochement entre les deux. Pourtant, dans ce rapport de "centre" et "périphérie", le paysan est celui de qui dépend le plus l’intellectuel citadin pour satisfaire ses besoins vitaux en l’occurrence celui de l’alimentation.
Par ces temps d’incertitudes, face à la dégradation de l’écosystème, au changement climatique et au péril alimentaire constatés en Afrique, une reconnexion s’avère indispensable entre l’intellectuel et le paysan à travers des aptitudes pour une vie saine (assainissement de l’environnement et santé) afin que l’agriculture soit transversale à tous les secteurs d’activités.
L’atelier n°5 vise à élaborer un programme d’introduction et de réintroduction de l’agriculture à la formation de base (maternelle, primaire et secondaire), proposer un système de rééducation et de réinsertion de la population carcérale basé sur l’agriculture et un plan de financement incitatif en vue du développement de ce secteur d’activités agricoles.