Tournée statutaire du préfet du département du Couffo: Faire des communes sous sa tutelle des modèles
Région
...sa tournée qui coïncide avec la période de la prérentrée scolaire n’est pas anodin
Christophe Mègbédji, préfet du Couffo, a entamé sa tournée statutaire dans les six communes du département au titre de l’année en cours. C’était le mardi 12 septembre dernier où l’autorité préfectorale a été accueillie successivement à Aplahoué puis à Djakotomey pour exprimer son ambition pour les collectivités territoriales sous sa tutelle.
Par
Désiré C. VIGAN A/R Mono-Couffo, le 18 sept. 2023
à
05h47
Durée 5 min.
#Tournée statutaire du préfet
#Département du Couffo
Aplahoué, Djakotomey puis les quatre autres communes du département du Couffo accueillent, l’une après l’autre, l’autorité de tutelle dans un contexte où les 77 communes du Bénin sont fixées sur leurs rangs respectifs dans le classement de l’Indice de gouvernance locale pour 2022.
Christophe Mègbédji, préfet du département a démarré, mardi 12 septembre dernier, sa tournée statutaire pour le compte de l’année en cours par les communes d’Aplahoué et de Djakotomey. La délégation préfectorale, dominée par les membres de la Conférence administrative départementale, a poursuivi, mercredi dernier, son périple dans la commune de Lalo. A chacune des étapes de sa tournée statutaire, le préfet a fait savoir que le contexte dans lequel se déroule sa tournée qui coïncide avec la période de la prérentrée scolaire n’est pas anodin. Il est question, à l’en croire, de fouetter un peu plus l’ardeur des acteurs de développement, ceci au-delà d’une visite classique d'échanges, de qualification et d'harmonisation des points de vue avec les différents acteurs de développement de la commune. « Notre aspiration la plus profonde, et vous le savez mieux que moi, est de faire des communes du Couffo des modèles de gouvernance au Bénin », souligne-t-il en saluant les efforts en matière d’amélioration des dynamiques de gouvernance des communes dans son département. « Au cours des deux dernières années à savoir 2021 et 2022, nous avons réussi à progresser dans le classement au niveau national », se félicite Christophe Mègbédji. L’Indice de gouvernance locale (Igl) pour 2022 classe Klouékanmè au quatrième rang suivie de Dogbo en dixième position dans le classement national. Mais pour donner corps à l’ambition de l’autorité de tutelle qui est de faire des communes du Couffo des modèles de gouvernance, il faut plus de performances et régler quelques préalables. «Nous devons redoubler d'efforts, mobiliser efficacement les ressources propres, garantir le bon fonctionnement des organes infra-communaux, et renforcer la participation citoyenne dans le processus de gouvernance », indique le préfet. Et pour accompagner cet élan, Christophe Mègbédji informe que cette année encore, aura lieu la distribution des récompenses aux communes qui se seront distinguées par leur capacité à mobiliser leurs ressources propres, de manière exemplaire. De même, ajoute-t-il, nous ferons la même chose pour les communes les plus propres. Relativement à la question de la propreté et de la salubrité, le préfet reconnaît que « la situation actuelle laisse sérieusement à désirer ». Mais, tranche-t-il, « On ne va pas vivre dans la malpropreté, dans ce qui est sale ». Il est évident que dans le département du Couffo, l'élimination des déchets n’est toujours pas pleinement assurée au sein des communes. Et pour embrasser efficacement cette préoccupation, le préfet encourage « les élus communaux et locaux ainsi que les membres de la société civile à accorder la plus haute importance à la gestion des déchets solides domestiques afin de remédier à cette situation ».
-Aplahoué, objectif statut particulier en 2030
La tournée statutaire du préfet dans leur juridiction administrative constitue pour les édiles, l’occasion de reconnaître au nom de leurs administrés, les effets positifs de tout ce qui se fait dans le cadre de l’exercice de l’autorité de tutelle. Le Code de l'administration territoriale en République du Bénin dispose en ses articles 272, 273 et 281 que le préfet est l'unique autorité de tutelle de la commune. Et ce pouvoir d'autorité de tutelle sur la commune, souligne le maire Maxime Allossogbé à l’étape d’Aplahoué, « s’exerce à travers trois fonctions essentielles à savoir une fonction d'assistance et de conseil à la commune, de soutien des actions de la commune; une fonction d'harmonisation des actions de la commune avec celles de l'État central et une fonction d’examen de la légalité des actes pris par les autorités communales ».
Outre l’obligation faite au préfet de département d’effectuer lui-même au moins une fois par an une visite, la tournée statutaire, poursuit le maire d’Aplahoué, vient renforcer le pouvoir d'autorité de tutelle que le préfet exerce et dont sa commune bénéficie tout au long de l'année à travers l'examen de légalité exercé quotidiennement sur les différents actes administratifs et les diverses tournées périodiques d'assistance-conseil organisées dans la commune par ses chargés de mission. Toutes choses qui, à en croire le maire, améliorent le fonctionnement des organes, rendent attractive la commune pour accueillir des investissements massifs du gouvernement.
Mais ce n’est pas tout. Aplahoué, chef-lieu du département du Couffo, rêve grand. Le maire Maxime Allossogbé soutient que sa commune est « résolument engagée à travailler pour devenir, à l'horizon 2030, une commune à statut particulier, bien gouvernée, à économie prospère, pour un développement harmonieux et durable ». Et pour donner corps à cette ambition dont les actions et les financements sont déclinés dans le Plan de développement de la commune, le maire profite de la tournée du préfet pour solliciter l’implication de tous. Notamment, celle des ressortissants de la commune. « Les objectifs de développement axés sur cette noble vision ne seraient réellement atteints sans une ferme conviction, une volonté inébranlable et une prise de conscience collective et individuelle des filles et fils d'Aplahoué ainsi que des différents acteurs et partenaires au développement », a averti le maire.
Egalement de la part du direction du gouvernement, quelques accompagnements sont sollicités en plus des chantiers ouverts et ceux annoncés qui sont synonymes de gros investissements jamais consentis pour transfigurer le visage de la commune
d’Aplahoué. Il s'agit notamment, au dire du maire, du bitumage de la voie Aplahoué-Atomey-Agodogoé, de la voie Azovè-Houégamey-Houédogli-Klouékanmè. La réouverture du centre universitaire d'Aplahoué et celle de la douane de Houssahoué, à la frontière Bénin-Togo au niveau de la commune d’Aplahoué ont aussi préoccupé le maire. La construction de la route Azovè-Dogbo en double voie et la poursuite des travaux de construction du barrage hydroélectrique d'Adjarala n’ont pas été du reste.
Le taux de scolarisation en baisse à Djakotomey
A Djakotomey où Ulrich Sokegbe, premier adjoint au maire, assure l’intérim de l’édile décédé, vendredi 8 septembre dernier, le préfet s’est notamment penché sur la qualité de la relève pour la gouvernance, dans les années à venir, des communes du département du Couffo. Pour l’autorité préfectorale, ceci passe par le relèvement des taux d’inscription dans les écoles. « Nous avons observé une diminution du taux de scolarisation des enfants au cours des dernières années. Et comme vous le constatez, notre tournée intervient dans la période de la prérentrée. Mais c'est fait à dessein parce que nous voulons solliciter de vous une mobilisation générale », souligne le préfet qui estime que tout doit être mis en œuvre pour renverser la tendance. «Nous devons, engage-t-il, passer partout, dans les communautés, parler à nos parents pour qu’ils puissent inscrire nos enfants, filles comme garçons ». Et l’autorité préfectorale de préciser qu’il s’agit bel et bien des enfants en âge d'être scolarisés. « Afin que nous puissions dès maintenant et pour les décennies à venir préparer une bonne pépinière de hauts cadres capables de prendre la relève », soutient-il. Pour le court terme, poursuit Christophe Mègbédji, la mobilisation générale qu’il est en train de sonner pourrait permettre au département d’améliorer ses performances aux examens nationaux. « Au Cep, nous étions à 79,73%. Au Bepc, nous étions à 70 %. On peut faire mieux. De même, au baccalauréat, nous étions à
63 %, un taux légèrement supérieur à la moyenne nationale », gage Christophe Mègbédji.
Du reste, le préfet a appelé les élus et cadres de la mairie de Djakotomey à décloisonner les services de la mairie. Il les a exhortés à « mettre en avant l'importance de la collaboration et du travail d'équipe ». « Fuyez les administrations cloisonnées », a-t-il martelé. L’exercice efficace de cette tutelle tel que recommandé dans les dispositions de la loi numéro 2021-14 du 20 décembre 2021 portant Code de l’administration territoriale en République du Bénin a déjà permis de contenir les tentatives d’implosion de la cohésion au sein du conseil communal. Au nom de l’instance, le premier adjoint au maire assurant l’intérim du maire décédé n’a pas manqué de reconnaître le tact et le leadership dont le préfet a fait montre en ces moments tumultueux. « J’en veux pour preuve les séances d'échanges avec le conseil communal et l'administration communale, présidées par le préfet en personne, pour relancer la cohésion en notre sein et faciliter le fonctionnement normal de ses organes et instances », a dit Ulrich Sokegbe?
Atomey réclame des instituteurs
Si en général dans les six communes du département du
Couffo, le préfet note une baisse de la scolarisation des enfants, ce problème se complexifie à Atomey, un arrondissement d’Aplahoué, par l’absentéisme et le déficit d’instituteurs.
Epiphane Agbokoudjo, conseiller communal, a décidé de s’en remettre à l’autorité de tutelle. «A Atomey, l'éducation est à terre, dit-il. Le peu d'instituteurs que nous avons ne viennent pas au cours. Je vous le répète encore, ils ne viennent pas au cours. On connaît les écoles, on connaît leurs directeurs, ils ne viennent pas. Ce problème, insiste-t-il, se pose avec acuité au niveau du sous-secteur des Enseignements maternel et primaire. Relativement au déficit d’instituteurs, le conseiller communal dénonce que dans des écoles qui sont autorisées à ouvrir quatre classes, par exemple, à peine le directeur seul est en poste. Et pour parer au plus pressé, l’élu préconise l’approche d’équité à travers le redéploiement vers son arrondissement des enseignants en surnombre dans les établissements scolaires d’Azovè et environs. Dans tous les cas, suggère-t-il, « on pourrait procéder à un rééquilibrage des effectifs des instituteurs. « Dans des écoles à Azovè où il y a sept enseignants, plaide-t-il, on pourrait équilibrer pour que ceux qui sont aussi loin puissent avoir accès aux enseignements ».
Présent dans la délégation préfectorale, Albert Anani Hountondji, directeur départemental des Enseignements maternel et primaire, confirme la situation. A l’en croire, son équipe s’y penche déjà. Assurant que ce dossier fait partie des patates chaudes qu’il a héritées dès son entrée en fonction le 11 avril dernier, le Ddemp apaise que « des dispositions sont en train d’être prises pour renverser la situation». Mais, nuance-t-il, il convient par ailleurs de se pencher sur les conditions de vie notamment les infrastructures d’accueil proposées à ses collaborateurs dont on dit ayant du mal à se déconnecter de leur mode de vie urbain?