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Deuxième cours régional sur l’agroécologie: La problématique de l’utilisation des pesticides en discussion

Société
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 27 mars 2018 à 07h39
[caption id="attachment_28536" align="alignnone" width="1024"]Les dégâts des pesticides chimiques sur les productions interpellent gouvernants, chercheurs et organisations paysannes[/caption]

 

La secrétaire générale du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (Maep), Françoise Assogba Komlan, a procédé, ce lundi 26 mars à Cotonou, à l’ouverture du cours régional Afrique francophone sur « L’agro-écologie face aux systèmes de production agricole en Afrique et dans le monde ». C’est une initiative du Réseau national pour une gestion durable des ressources génétiques au Bénin, point focal de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (Copagen).

Les participants à la deuxième édition du cours régional Afrique francophone sur l’agroécologie à Cotonou exhortent à une nouvelle forme d’agriculture sur le continent. Ils mettent en cause l’utilisation des pesticides chimiques de synthèse dont les dégâts sont énormes sur les productions, la santé humaine et l’économie des pays. 

Se fondant sur des études internationales, le président du réseau Jinukun, René Sègbénou, établit un diagnostic sans appel sur les conséquences des pesticides. «  L’on continue de détruire pour produire. Tout est réduit au silence : le sol, les plantes, les micro-organismes, les insectes, les animaux au nom de la productivité », déplore-t-il.
Il fait savoir qu’une synthèse d’études menées par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en France établit le lien entre une quinzaine de maladies et l’utilisation des pesticides, à savoir la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate, le myélome multiple (sorte de cancer du sang). La même source fait un lien entre l’exposition des femmes enceintes aux pesticides et la survenue de tumeurs cérébrales, de leucémies, de malformation congénitale ou de troubles neuro-développementaux chez les enfants. Le président de Jinukun s’interroge également sur les dangers que courent les populations africaines dans les zones de production cotonnière.
Il urge donc d’agir pour corriger les pratiques. « Nous pouvons et nous devons faire de l’agriculture en maintenant l’équilibre des relations qui fondent l’environnement physique et biologique de l’activité agricole. Même le coton, nous pouvons en produire avec zéro pesticide chimique de synthèse et zéro engrais chimique de synthèse », soutient-il.
« Dans un contexte où la contrefaçon a gagné tous les domaines y compris celui de l’alimentation, où les étalages des commerçants sont jonchés de riz et de spaghetti en plastique, nous avons le devoir de promouvoir la pratique de l’agroécologie, afin de redonner à l’agriculture ses lettres de noblesse », renchérit le superviseur général du cours régional, Karim Dramane.
Selon lui, l’agroécologie est un sujet important, car lié à la vie et à la survie de l’homme. Il n’est plus possible de faire de l’agriculture durable sans envisager le milieu naturel dans son ensemble, conçoit-il.
Le deuxième cours régional Afrique francophone sur « L’agro-écologie face aux systèmes de production agricole en Afrique et dans le monde » répond à la volonté des acteurs de promouvoir une agriculture saine, non dépendante des intrants chimiques de synthèse. Il s’agit pour les participants venus de onze pays d’Afrique francophones de se focaliser sur les bases scientifiques et les valeurs qui soutiennent l’agroéologie et de s’intéresser également aux thématiques comme la biotechnologie et les organismes génétiquement modifiés, l’analyse des politiques agricoles en Afrique, les semences et leur gestion, le genre en agroécologie.
Rapportant la préoccupation de Jinukun au contexte national, la secrétaire générale du ministère de l’Agriculture, Françoise Assogba Komlan, insiste sur les défis qui attendent le Bénin. « Pour sauver notre environnement, des efforts doivent être faits pour une transformation de l’agriculture béninoise vers une agriculture moins dépendante des intrants chimiques », préconise-t-elle. Evoquant les mesures du gouvernement pour atténuer les conséquences de l’intensification des pesticides, elle cite, entre autres, la facilitation de l’installation de petites et moyennes entreprises de production d’engrais organiques et biopesticides, l’importation des engrais scientifiques aux cultures vivrières, l’amélioration de la qualité des intrants pour les cultures conventionnelles?