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Lutte contre la pauvreté: Les cantines scolaires pour l’autonomisation des femmes rurales

Société
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 12 avr. 2018 à 06h38

Plus qu’une initiative scolaire, le Programme national d’alimentation scolaire intégré (Pnasi) est un soulagement pour les femmes rurales. Initié par le gouvernement, il est mis en œuvre par le Programme alimentaire mondial (Pam), depuis la signature d’accord signé entre les deux parties en juillet 2017.

Le Programme national d’alimentation scolaire intégré (Pnasi) ne vise pas seulement à accroître la scolarisation des enfants notamment celle des filles et à contribuer à leur maintien à l’école, mais favorise également l’autonomisation des femmes. En fait, il offre de réelles opportunités aux femmes des milieux ruraux. Au-delà de l’offre de repas aux écoliers par le biais des cantines scolaires, il contribue à l’indépendance financière de celles qui interviennent dans le secteur de l’agriculture, de l’élevage ou de la pêche.
Justifiant la nécessité des cantines scolaires, lors de la Semaine du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest en décembre 2017 à Cotonou, le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de Pêche, Gaston Dossouhoui, avait souligné que « La situation nutritionnelle au Bénin est inquiétante et justifie la volonté du gouvernement d’améliorer la gouvernance dans le secteur de la nutrition, du niveau communautaire jusqu’au niveau central quand on reconnaît que plus de 40 % des enfants béninois sont malnutris ». L’initiative est appuyée par le Programme alimentaire mondiale (Pam), à hauteur de plus 27 milliards de F Cfa pour impacter plus de 350 000 écoliers sur une période de quatre ans.
Selon la directrice de l’Alimentation scolaire, Julienne Zimé Yérima, 12 % de la population béninoise est en situation d’insécurité alimentaire et 13 % à risque d’insécurité alimentaire. Ce diagnostic oblige le gouvernement à accorder une attention particulière aux enfants en investissant dans leur alimentation et leur nutrition.
Depuis la rentrée scolaire de septembre 2017, le Pnasi est mis en œuvre dans environ 1500 écoles primaires publiques réparties dans onze départements du Bénin. Ceci représente un marché de consommation estimé à plus de 100 000 enfants.

Avantages pour les femmes

Au regard du nombre important d’enfants bénéficiaires, il se dégage un avantage non négligeable pour les femmes des zones rurales couvertes par le programme.
Qu’elles soient dans la production agricole, animale ou dans la transformation agroalimentaire, ou qu’elles exercent seules ou en associations, le Programme national d’alimentation scolaire intégré leur offre un marché de potentiels consommateurs constitués par les écoliers qui bénéficient des cantines scolaires. L’opération ‘’cantines scolaires’’ contribue à la fois de la nutrition et à l’éducation des enfants et à la production agricole vivrière. L’investissement du gouvernement met également l’accent sur le rôle des communautés locales dans la prise en charge de l’alimentation scolaire.
Pour pérenniser l’initiative, il entend accroître le taux de couverture des écoles en cantines de 29% à 51 % les prochaines années. En plus des bénéficiaires cités, il s’agira de rendre opérationnelles plus de 1500 cantines scolaires approvisionnées avec des produits locaux et non traités. Ce qui constitue à moyen et à long termes, une véritable aubaine pour les femmes désireuses d’entreprendre dans le secteur de l’agriculture, de l’élevage et de la transformation agroalimentaire.
En se mettant en associations, elles peuvent exécuter des projets de production agricole, animale, ou de transformation sur la base des produits de consommation les plus recherchés par le Programme alimentaire mondial (Pam) pour le fonctionnement des cantines scolaires. Cette option leur sera profitable non seulement pour faire face au manque d’emploi, au chômage et à la pauvreté.
Au-delà de l’impact sur les enfants, les femmes et les familles en sont aussi bénéficiaires. « Les programmes d’alimentation scolaires fonctionnent comme des systèmes de protection sociale pour aider les ménages et les communautés vulnérables à résister aux crises économiques et autres bouleversements sans mettre en péril leur alimentation et leur sécurité alimentaire », soutient le ministre Gaston Dossouhoui.
L’autre avantage est lié aux petites productrices alimentaires déjà opérationnelles. Le Pnasi vise une autre dynamique dans leurs activités génératrices de revenus. Selon le Pam, le programme entend favoriser un marché potentiel d’écoulement des productions des femmes si les produits sont de qualité et compétitifs.
En plus de ces avantages, les femmes productrices auront une clientèle stable, car c’est le Pam qui assure l’achat des vivres pour le fonctionnement des cantines scolaires.
Mieux, les produits agricoles seront de plus en plus vendus avec une baisse des pertes liées aux avaries. Tout ceci impactera leurs finances en ce sens qu’elles pourront rentrer rapidement en possession des fonds engagés dans la production avec une possibilité de bénéfices en hausse lorsque les produits étaient livrés en détails sur de longue durée dans les marchés locaux?