La Nation Bénin...
La séance d’échange, entre la préfecture de Cotonou et les élus municipaux et locaux, mardi dernier, dans le cadre de l’assainissement du secteur de la microfinance dans le département du Littoral, a été une occasion pour présenter les mesures prises par le Comité de stabilité financière et d’assainissement du secteur de la finance décentralisée. C’était à travers une communication présentée par le directeur général de l’Agence nationale de surveillance des systèmes financiers décentralisés, Louis Biao.
Le secteur de la finance décentralisée au Bénin a connu, ces dernières années, une ascension grâce aux multiples actions menées par les gouvernements successifs et aux appuis des partenaires techniques et financiers. Toutefois, ce développement remarquable révèle aussi qu’il y a une impérieuse nécessité d’assainissement de ce secteur afin de garantir sa pérennité, notamment après la crise Icc-Services et consorts qui a secoué le Bénin en 2010.
Dans la communication qu’il a présentée, mardi dernier, sur la stratégie d’assainissement du secteur de la microfinance au Bénin, le directeur général de l’Agence nationale de surveillance des systèmes financiers décentralisés, Louis Biao, a montré que de 2011 à ce jour, plusieurs mesures importantes ont été prises pour assainir ce secteur. Au nombre de ces mesures, il cite la réalisation en août 2011, du deuxième recensement national des institutions de microfinance et de leur cartographie grâce à l’appui du Mca-Bénin. Il a fait cas aussi de la création par décret n° 2011-892 du 30 décembre 2011, du Comité de stabilité financière et d’assainissement du secteur de la finance décentralisée (Csfasm) et son opérationnalisation depuis le 3 avril 2012. Il y a enfin, ajoute-t-il, l’élaboration du document de stratégie d’assainissement du secteur de la finance décentralisée au Bénin et sa validation le 29 novembre 2013 par l’ensemble des acteurs; puis la récente transformation institutionnelle de la Cellule de surveillance des systèmes financiers décentralisés en Agence nationale de surveillance des systèmes financiers décentralisés (Anssfd).
Un instrument de réduction de la pauvreté
Ces avancées montrent la volonté affichée du gouvernement de faire du développement harmonieux et sécurisé du secteur de la finance décentralisée un challenge.
Après plus de deux décennies d’existence, le secteur de la microfinance au
Bénin est devenu un instrument important de réduction de la pauvreté. Selon des indicateurs quantitatifs du secteur au 31 décembre 2017, il y a 2 197 993 clients enregistrés, avec un encours de plus de 150 milliards de francs Cfa, une épargne collectée de plus de 100 milliards de francs Cfa et 3949 personnes employées.
Louis Biao a souligné que depuis 2007, le cadre réglementaire qui régit l’activité de collecte de l’épargne et d’octroi de crédit a connu d’évolution dans l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). Cette évolution, dit-il, est matérialisée au Bénin par la promulgation le 21 mars 2012 de la loi n° 2012-14 portant réglementation des systèmes financiers décentralisés (Sfd) et la signature le 6 novembre 2012 de son décret d’application au Bénin.
Nonobstant l’existence d’un cadre règlementaire, deux groupes de
structures de microfinance interviennent dans ce secteur. D’abord, les structures
autorisées puis celles qui exercent en marge de la règlementation.
En effet, l’exercice illégal dans le secteur a pour cause l’antériorité de l’exercice de la microfinance par rapport à l’avènement d’une loi dite Parmec. Cette loi promulguée en 1997 y contribue dans une large mesure ainsi que l’appétit vorace des promoteurs béninois pour l’activité de collecte de l’épargne et d’octroi de crédit.
La situation des structures exerçant en marge de la réglementation est illustrée à travers les résultats de deux recensements et la collecte d’informations financières et non financières faite par son agence en 2015?
Les attentes du Comité de stabilité financière et d’assainissement du secteur
Dans la lutte contre ceux qui exercent illégalement dans le secteur de la microfinance, les membres du Comité de stabilité financière et d’assainissement ont des attentes vis-à-vis de certains acteurs impliqués dans cette lutte. Ils invitent le préfet et les maires à poursuivre la sensibilisation des populations sur le risque qu’elles encourent en opérant avec les structures illégales de collecte de l’épargne et d’octroi de crédit ; la sensibilisation des populations béninoises en général sur les nouveaux pièges que constituent les technologies de l’information et de la communication et les réseaux sociaux dans l’escroquerie à haute échelle. Il faut également, selon eux, assurer le relai de l’information dans tous les démembrements des mairies (arrondissements, campagnes, villes et quartiers) ; la dénonciation des structures illégales détectées, aux autorités administratives (ministre en charge des Finances, Csfasm à travers l’Anssfd, Gendarmerie, Police) ; puis l’affichage de la liste des Sfd autorisés partout où cela est possible.