La Nation Bénin...

Intégration régionale en Afrique: La part du commerce intra-africain chiffrée à 13,7 %

Economie
Le marché africain tient une part non négligeable dans  le commerce international Le marché africain tient une part non négligeable dans le commerce international

La part du commerce intra-africain dans les échanges mondiaux a chuté à 13,7 % en 2022, selon un dernier rapport de la Cea sur l’intégration régionale. Des défis liés au développement des échanges et des infrastructures énergétiques, routières, technologiques, devront être priorisés dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 12 mars 2024 à 05h00 Durée 4 min.
#Intégration régionale en Afrique
Trois ans après l’entrée en vigueur de l’accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le commerce intra-africain reste faible. Pis, la part du commerce intra-africain dans le commerce mondial a chuté de 14,5 % en 2021 à 13,7 % en 2022, selon un nouveau rapport de la Commission économique pour l’Afrique (Cea) sur l’état de l’intégration régionale en Afrique. Ainsi, les pays africains continuent d’échanger plus avec l’extérieur du continent qu’entre eux, fait remarquer Stephen Karingi, directeur de la division de l’Intégration régionale et du Commerce, présentant le rapport aux experts en marge du segment ministériel des 4 et 5 mars derniers, de la Conférence des ministres des Finances, de la Planification et du développement économique (Com 2024).
La part de l’Afrique dans le commerce mondial, composée essentiellement des échanges des marchandises, demeure très faible : moins de 3 %. Ainsi, les changements envisagés dans le commerce intra-africain dans le cadre de la Zlecaf lancée officiellement le 1er janvier 2021, sont encore loin de s’opérer. A preuve, la part des exportations intra-africaines dans les exportations totales a diminué, passant de 18,22 % en 2021 à 17,89 % en 2022, ainsi que celle des importations intra-africaines qui a régressé de 12,81 % à 12,09 % sur la période.
De plus, les Etats n’ont pas satisfait aux critères de convergence macroéconomique, malgré les progrès réalisés en matière d’intégration monétaire et financière. Entre autres critères, souligne le rapport de la Cea, l’inflation a été le critère le moins rempli avec un taux resté élevé dans plusieurs pays africains en 2023 avec une valeur moyenne de 18,5 %. Dans 19 pays, l’inflation était supérieure à 10 %.

Défis majeurs

En ce qui concerne la dette brute des administrations publiques, elle s’élevait en moyenne à 65,2 % du produit intérieur brut (Pib) de l’Afrique en 2023, contre 64,6 % en 2022.
Dans le domaine du transport, la Cea note que 36 membres de l’Union africaine ont rejoint le marché du transport aérien intra-africain qui devrait augmenter de 27 % la fréquence des vols sur les routes aériennes existantes. Le marché devrait permettre d’engranger des gains grâce à des économies d’échelle d’environ 500 millions de dollars sur les tarifs passagers, la libre concurrence, l’ouverture de nouvelles routes commerciales, la protection de l’environnement et le développement du secteur privé dans l’aviation civile.
Dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (Tic), la fracture numérique entre les sexes reste prégnante. En 2023, 32 % de la population féminine utilisait Internet, contre 
42 % de la population masculine, pour une moyenne mondiale de 65 % des femmes et  70 % des hommes.
L’intégration africaine en termes d’accès à l’énergie est aussi un défi majeur, la population sans accès à l’électricité résidant en Afrique étant passée à 
77 % en 2020 contre 74 % avant la pandémie de Covid-19. Le rapport indique que 39 pays africains sur 54 peuvent fournir une énergie fiable et bon marché à leurs populations en utilisant des sources renouvelables, notamment la production d’hydrogène verte. Ainsi, le continent est toujours confronté à un énorme déficit annuel de financement des infrastructures, lequel est estimé entre 130 et 170 milliards de dollars. 
Agir 

Le recours aux instruments de financement innovants tels le financement mixte, les obligations vertes, sociales et liées au développement durable, ainsi que les échanges de dette contre nature, permettrait de combler le gap. Pour la Cea, il importe que le deuxième plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063, en cours de finalisation, s’attaque directement à ces défis.
L’intégration régionale reste essentielle dans les efforts africains visant à parvenir à un développement productif et durable, prône Stephen Karingi. La mise en œuvre effective de l’accord relatif à la Zlecaf, estime-t-il, déterminera dans quelle mesure le continent pourra tirer les bénéfices du libre marché et de l’intégration commerciale pour le bénéfice global des peuples du continent africain.
Il est question de faire en sorte que chaque membre de l’Union africaine atteigne au moins le statut de Pays à revenu intermédiaire (Pri) d’ici 2034. Pour ce faire, l’accent devra être mis sur la mise en œuvre du Protocole au Traité instituant la Communauté économique africaine, relatif à la libre circulation des personnes, au droit de résidence et au droit d’établissement, et la promotion de la paix, de la bonne gouvernance et de la sécurité. « Le nombre croissant de changements anticonstitutionnels de gouvernement met en évidence les défis persistants qui affligent les pays africains, notamment la faible gouvernance, la pauvreté persistante et les opportunités d’emploi limitées », estime M. Karingi.