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Salon de la finance agricole au Bénin: Induire une synergie entre acteurs

Economie
Consolat Hountin Kiki, assistant de recherche à l’Université  nationale d’agriculture de Porto-Novo Consolat Hountin Kiki, assistant de recherche à l’Université nationale d’agriculture de Porto-Novo

Le Bénin a organisé tout récemment son premier salon national de la finance agricole. Une initiative qui vise à créer une synergie d’action entre les parties prenantes du domaine de la finance agricole. Dans cet entretien, Consolat Hountin Kiki, assistant de recherche à l’Université nationale d’agriculture de Porto-Novo et président du comité d’organisation dudit salon, nous explique les tenants et les aboutissants de l'initiative.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 06 juin 2024 à 07h08 Durée 4 min.
#Salon de la finance agricole au Bénin

La Nation : Vous avez organisé un salon sur la finance agricole au Bénin. De quoi s'agit-il ?

 Le Salon national de la finance agricole est un événement inédit au Bénin, organisé pour mettre en exergue la nécessité de développer la finance agricole pour le développement du secteur agricole béninois. L’objectif est de réfléchir autour des défis majeurs auxquels le secteur de la finance agricole est confronté au Bénin et de lever les barrières à l’accès au crédit, à l’amélioration de l’éducation et la formation dans le domaine.

 Un salon de la finance agricole pour quoi faire, dans un contexte où l'Etat a pris plusieurs initiatives pour accompagner et booster le secteur agricole ?

 Il est important de reconnaître que le gouvernement béninois entreprend de nombreux efforts pour le développement de la finance agricole notamment à travers la création du Fonds national de développement agricole (Fnda) et autres. Ces efforts ont permis d’observer des avancées notables mais le défi reste encore grand. En effet, quand on s’intéresse aux résultats du récent recensement national sur l’agriculture, environ 6,9 % des agriculteurs béninois ont accès au crédit au Bénin. De plus, il est malheureusement observé que l’assurance agricole, malgré sa grande importance pour un secteur aussi soumis aux risques que l’agriculture, demeure quasi inexistante dans notre pays. Cet état de choses justifie la dynamisation des actions menées pour le développement des services financiers adaptés aux agriculteurs et au-delà de cela, l’implication de toutes les catégories d’acteurs dans la conception de solutions innovantes. Par ailleurs, l’un des problèmes majeurs notés jusqu’à présent dans le processus de développement de la finance agricole, est l’absence de spécialistes. De nos jours, cette lacune est en train d’être comblée grâce à la mise sur le marché de techniciens et cadres de conception, spécialistes de la finance agricole. Il était donc important d’organiser un tel événement pour profiter des réflexions et révéler ces spécialistes formés par l’Université nationale d’agriculture de Porto-Novo.

 Quel est la cible visée et l'impact de ce salon ?

 Le Salon national de la finance agricole est organisé pour contribuer à l’amélioration de la synergie d’action entre les différentes parties prenantes du domaine de la finance agricole au Bénin. Il rassemble donc toutes les catégories impliquées dans le secteur agricole, pour discuter de la meilleure façon d’améliorer l’accès des agriculteurs à des services financiers adaptés. Sa particularité réside au niveau de la mise en avant de certains types d’acteurs souvent peu associés aux discussions sur la finance agricole au Bénin à savoir les universitaires et les médias du secteur agricole. Sa tenue à l’Université nationale d’agriculture se justifie par le fait que l’école d’agrobusiness et de politiques agricoles de l’université est la seule entité universitaire de formation de spécialistes de la finance agricole au Bénin. Le tout premier titulaire du master professionnel de la spécialité finance agricole vient ainsi à peine d’être libéré sur le marché.

 Quelles sont les activités qui ont meublé le salon ?

 Le salon s’est déroulé du 31 mai au 1er juin 2024 et a été meublé de plusieurs activités dont un panel inaugural sur l’état des lieux et les perspectives de la finance agricole au Bénin, un workshop sur la conception de solutions numériques pour le développement de la finance agricole au Bénin et nous avons fait une série de cinq conférences sur des thématiques liées à la finance agricole le samedi 1er juin et qui portent sur le Fnda, le clustering, les sources de financement, l’analyse des politiques et les conseils agricoles, animées par différents experts.

 Quelles sont les conclusions qui en sont issues ?

 Il faut préciser qu’au cours de ce salon, nous avons remarqué une forte adhésion des parties prenantes. Ce qui a fait que plusieurs propositions ont été formulées et des activités post salon ont été proposées pour être mises en œuvre dans les prochains mois.

En termes de décisions prises au cours de ce salon, il a été souhaité l’implication plus active des spécialistes de la finance agricole dans la conception et la mise en œuvre des politiques de développement de la finance agricole au Bénin. La nécessité de la sensibilisation des acteurs agricoles pour un changement de comportement face au crédit. La nécessité du déploiement à grande échelle du Programme spécial d'insertion dans l'emploi (Psie) au profit du secteur agricole. L’urgence de réfléchir à la création d’une banque agricole au Bénin ou tout au moins la création de département ‘’financement agricole’’ au sein des banques commerciales et des systèmes financiers décentralisés. Vu la structure spéciale des exploitations agricoles caractérisée par un mélange entre dépenses de production et dépenses de consommation, il a été jugé utile de développer des mécanismes de financement adaptés. Et enfin la nécessité que les propositions des experts, les résultats de recherche et les idées de solutions issus du salon, soient présentés au ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche qui n’a pu être présent au salon.

 À quoi allons-nous nous attendre à l'issue de ce salon ?

 A l’issue de ce salon, les propositions seront prioritairement synthétisées et les démarches seront faites pour qu’elles puissent être transmises dans les délais les plus brefs aux autorités. Par ailleurs, l’idée de la création d’un cadre de concertation réunissant les universitaires, les organisations professionnelles agricoles, les autorités politico-administratives, les médias spécialisés dans le secteur agricole et les Ong, est fortement envisagée et nous allons nous y pencher dans les jours à venir.