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Non participation aux communales 2020: Restaurer l’espoir méconnait-il la Charte des partis politiques ?

Politique
Par   Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 17 févr. 2020 à 10h02
La décision du parti ‘’Restaurer l’espoir’’ (Re) de ne pas participer aux élections municipales et communales du 17 mai prochain est contradictoire à l’esprit et à la lettre de la Charte des partis politiques en vigueur au Bénin. « Les partis politiques sont tenus de participer aux élections législatives, communales et locales. Tout parti politique perd son statut juridique s’il ne présente pas de candidats à deux (02) élections législatives consécutives. La décision de retrait de l’enregistrement est prise par le ministre chargé de l’Intérieur et publiée au Journal officiel de la République du Bénin. Le recours en annulation contre la décision du ministre chargé de l’Intérieur est suspensif ». Telles sont les dispositions de l’article 27 de la loi portant Charte des partis politiques, en vigueur au Bénin. Lesquelles dispositions font clairement obligation aux partis politiques de prendre part aux joutes électorales politiques. Puisque c’est à travers cette participation que le parti politique non seulement joue par excellence son rôle d’animateur de la vie politique nationale mais aussi arrive à mesurer son influence sur le terrain politique. C’est en cela que la décision de boycott prise par le parti Re au terme des travaux de sa séance extraordinaire tenue lundi 10 février dernier à son siège à Cotonou fait couler beaucoup d’encre et de salive. Le parti de Candide Azannaï porte plusieurs griefs contre le processus électoral en cours, pour justifier son choix. Pour cette formation politique en effet, les élections communales et municipales du 17 mai prochain n’ont aucun enjeu national. « Les lois qui l’organisent violent l’essence même de la décentralisation», précise le communiqué final qui a sanctionné les travaux de ces assises. Selon Re, les élections projetées pour le 17 mai 2020 « sont pipées, non égalitaires, corrompues à tout point de vue car formatées sur les bases exclusives générées par les élections législatives exclusives ». Le parti ‘’Restaurer l’espoir’’ souhaite l’organisation d’un dialogue national inclusif. Pour cette formation politique de l’Opposition, le seul enjeu politique pour le peuple béninois, est « la reconquête des libertés, le rétablissement de l’Etat de droit, la restauration de la démocratie et la sauvegarde des acquis de la Conférence nationale ». C’est donc au regard de tout ceci qu’il a décidé d’opter pour la politique de la chaise vide. Fuite en avant ? Seulement que ce boycott n’est pas en phase avec la loi qui ne permet pas aux partis légalement reconnus à rester en marge des joutes politiques. Mieux, d’aucuns se posent la question de savoir comment un parti politique qui a été recalé contre son gré lors des élections législatives d’avril 2019 pour défaut de récépissé qu’il a fini par obtenir, va vendanger cette occasion électorale en décidant d’opter pour la politique de la chaise vide maintenant qu’il a en main le précieux sésame. L’on se demande si la vraie raison du boycott de Re n’est pas ailleurs. Surtout avec les dispositions contraignantes notamment du Code électoral exigeant désormais aux partis politiques en lice aux communales et municipales de recueillir au moins un taux de 10 % des suffrages obtenus au plan national avant d’être éligibles à la répartition des sièges. Aussi, la loi fait-elle obligation aux partis politiques de pourvoir les candidatures dans les 546 arrondissements, c’est-à-dire toutes les circonscriptions électorales sur toute l’étendue du territoire national. Toutes choses nécessitant plus d’investissements physiques, matériels et financiers de la part des dirigeants de ce parti qui n’a pas pour autant encore une assisse nationale. A quoi bon alors de déployer de tels investissements si l’on n’est pas sûr que les résultats seront au rendez-vous au bout du rouleau au soir du dimanche 17 mai prochain en obtenant le fameux taux de 10 %? Cela, afin de prétendre obtenir des conseillers municipaux et communaux avec la possibilité peut-être d’avoir des maires au bout du processus. Candide Azannaï et les siens, qui ne sont pas nés de la dernière pluie, ont certainement fait leurs calculs. Et le choix a été vite fait. Seulement que cette décision de boycott viole les dispositions de la Charte des partis politiques qui exigent la participation de toutes les formations politiques au processus électoral de peur de perdre leur statut juridique après deux absences aux législatives.