La Nation Bénin...
Pour amener le Gouvernement à adopter une politique d’exemption du paiement direct des produits contraceptifs, l’Ong Ceradis a entretenu, ce mercredi 9 août à Cotonou, les journalistes sur le niveau de mise en œuvre des engagements pris par le Bénin en la matière. Cette rencontre vise à améliorer l’accès à l’offre et au service de la planification familiale.
Le Bénin comme d’autres pays ont pris des engagements lors de la conférence d’Addis-Abeba en novembre 2013 pour rendre gratuit en 2015 l’accès aux méthodes modernes de contraception dans les formations sanitaires publiques au profit de la couche juvénile. Ces engagements devraient permettre de réduire le nombre des grossesses de 20% et de diminuer au moins la mortalité et les séquelles liées à la grossesse et à l’accouchement. Ces engagements, fait observer le directeur exécutif de l’Ong Ceradis, Nourou Adjibadé, se justifient d’autant plus que la planification familiale est un moyen peu onéreux pour diminuer le taux de mortalité maternelle en permettant de diminuer le nombre absolu de complications en réduisant les grossesses, d’une part, et de réduire le nombre d’avortements en évitant les grossesses non désirées ou imprévues, d’autre part. « La planification familiale apparaît ainsi comme une intervention de santé publique en mesure d’améliorer sensiblement l’état de santé des adolescents et jeunes », a-t-il indiqué, lors de la conférence de presse animée hier.
Malheureusement, déplore-t-il, la situation reste préoccupante au Bénin. On remarque, dit-il, que les couvertures nationales sont faibles soit 5,2% selon l’enquête démographique et de santé (Eds) 2011-2012 chez l’ensemble des adolescentes sexuellement actives. En plus, ajoute-t-il, le taux d’adolescentes ayant des besoins non satisfaits augmente, selon les résultats de l’Eds, soit 26% en 2006 et 35% en 2011. Autrement dit, on note une demande potentielle en contraception chez les adolescentes qui reste à satisfaire.
Conscient de cette réalité, le Gouvernement a décidé d’accélérer les progrès vers une prévalence de 20 % d’ici 2018 en respectant les engagements d’Addis-Abeba. Pour ce faire, il a besoin de revoir ses politiques, programmes et prestations comme pour lever les barrières financières à l’accès aux prestations de la Planification familiale. Or, note Nourou Adjibadé, l’adoption de ce document de politique qui a pour objectifs : d’augmenter la couverture contraceptive chez les adolescents et les jeunes en passant de 5% en 2015 à 20% en 2020, de réduire les grossesses précoces et non-désirées chez les adolescents et les jeunes, de contribuer à atténuer les barrières socioculturelles freinant l’accès à la Planification familiale et d’augmenter le taux de rétention des jeunes et adolescents à l’éducation secondaire, se fait toujours attendre jusqu’en 2017.
Loukoumane Tidjani, champion de la Planification familiale, désigné par l’Ong Alliance droits et santé, a insisté, pour sa part, sur l’importance de la jeunesse dans le développement d’un pays pour préciser que les investissements dans la santé de la reproduction sont nécessaires pour exploiter le potentiel de la jeunesse. Ainsi, l’accès à l’information et aux services de santé reproductive permettra aux adolescents d’éviter les grossesses non désirées et de prévenir le Vih/Sida et des infections sexuellement transmissibles. « Les informations et les services de planification familiale peuvent aider les adolescents à retarder leur première grossesse jusqu’à ce qu’elle soit physiquement, psychologiquement et socialement préparée à procréer », estime-t-il.