La Nation Bénin...
Encore
source de honte, les menstruations chez les filles et les femmes font pourtant
partie intégrante de leur vie. Au-delà des dispositions légales visant à
soutenir la gent féminine dans ces moments, d’autres actions en termes
d’engagement communautaire et de mise en place d’infrastructures adéquates sont
souhaitées. C’est du moins le vœu de
Fawé Bénin et de OneWorld qui attirent l’attention des pouvoirs publics sur la
délicatesse du sujet.
Un
phénomène naturel, mais encore objet de tabou sous nos cieux. C’est
malheureusement ce à quoi on assiste encore dans le cadre des menstruations
chez les filles et les femmes. Fawé Bénin fait remarquer que les commentaires désobligeants
leur sapent le moral et affectent dangereusement leur vie.
C’est
justement ce combat que l’Ong et son partenaire OneWorld mènent à l’occasion de
la Journée internationale de l’hygiène menstruelle, célébrée le 28 mai, et dont
le thème cette année est intitulé, « Ensemble pour un monde respectueux des
règles ». Il s'agit de faire la lumière sur les tabous et sensibiliser les
communautés aux dispositions législatives dans notre pays.
Fawé Bénin constate des disparités selon les régions, en ce qui concerne l’accès aux infrastructures de base pour permettre aux filles de bien se prendre en charge pendant leurs menstrues. Citant un rapport de l’Unicef Bénin 2022, elle relève que 65 % des femmes et des filles en milieu rural n’ont pas accès à des installations sanitaires adéquates. De plus, 43 % des femmes et des filles en âge de procréer n’utilisent pas de méthodes d’hygiène menstruelle adéquates (Enquête démographique et de la santé Bénin, 2018).
D’où
l’urgence, selon Fawé Bénin, de prendre des mesures concrètes pour garantir à
toutes les femmes et jeunes filles un accès à une gestion saine et digne de
leur menstruation.
L’adoption
de la loi n°2024-04 du 16 février 2022 portant « hygiène publique en République
du Bénin » est un pas salutaire. Cette loi aborde les enjeux de la santé
publique, des droits humains et de développement. Elle traduit la détermination
du Bénin à mettre en œuvre les Objectifs de développement en matière
d’assainissement et d’hygiène.
Un cadre juridique balisé
L’article 119 de cette loi précise les dispositions relatives au milieu scolaire : « tout établissement public ou privé, notamment les établissements de formation et d’enseignement, comprend au minimum un espace sanitaire simple séparé tant pour les hommes que pour les femmes, respectueux de l’intimité et un espace disposant de savon, d’eau potable, des matériels de protection hygiénique pour la toilette intime et le lavage des mains, du linge menstruel et des vêtements, ainsi que de poubelles à couvercle pour changer et éliminer les protections hygiéniques ».
Tout
en saluant cette mesure, Fawé Bénin et OneWorld appellent les « autorités
publiques à y veiller et à faire en sorte que cet article constitue
effectivement une réponse adéquate à la mauvaise gestion de l’hygiène
menstruelle en milieu scolaire ». Les deux partenaires « exhortent aussi les
Ongs, les communautés et les familles à collaborer afin que ces mesures
atteignent toutes les couches sociales ».
Tout
en encourageant l’implication active des hommes pour la promotion d’un
environnement favorable à la gestion saine des menstruations et à la lutte
contre les tabous, OneWorld et Fawé Bénin appellent à une mobilisation accrue
de tous pour renforcer les efforts de sensibilisation contre les tabous et les
idées fausses autour des menstruations. Pour les deux Ong l’engagement
communautaire visant à soutenir les filles et les femmes dans la gestion de
leur hygiène menstruelle passe également par les financements adéquats pour la
distribution de produits hygiéniques et la construction d’infrastructures
sanitaires adéquates.