Le domaine des soins pourrait générer 300 millions d’emplois
Santé
Par
Catherine Fiankan-Bokonga, le 08 mars 2022
à
10h53
Selon un nouveau rapport de l’Organisation internationale du Travail, combler les importantes lacunes existantes dans les services de soins pourrait générer près de 300 millions d’emplois. Cette action permettrait aussi de créer un continuum de soins qui contribuerait à réduire la pauvreté, à encourager l’égalité des sexes, à soutenir les soins aux enfants et aux personnes âgées.
Le rapport, intitulé « Soin à autrui au travail : Investir dans les congés et services de soin à autrui pour un monde du travail plus égalitaire du point de vue du genre », constate que trois femmes sur 10 en âge de procréer, soit 649 millions de femmes, bénéficient d’une protection inadéquate de la maternité qui ne répond pas aux principales exigences de la convention (n° 183) de l’Oit sur la protection de la maternité.
Convention 183 de l’Oit
La Convention n°183 de l’Organisation Internationale du Travail concerne la protection de la maternité. Elle prévoit 14 semaines de congé de maternité, rémunéré sur la base d’au moins deux tiers du salaire antérieur, financé par l’assurance sociale ou des fonds publics. Elle interdit d’exposer les femmes enceintes et les mères allaitantes à des travaux qui peuvent être préjudiciables à leur santé ou à celle de leur enfant. La convention fournit aussi une protection contre la discrimination pour des motifs liés à la maternité et interdit de mettre fin à l’emploi d’une femme au cours de sa grossesse ou de son congé de maternité. Adoptée en 2000, à ce jour, seuls 40 pays sur les 183 membres de l’organisation l’ont ratifiée.
Congé de maternité
Le rapport constate que 82 des 185 pays étudiés ne respectaient pas ces normes, bien que « le congé de maternité payé ou la protection de la maternité soit un droit universel de l’homme et du travail ». Au rythme actuel des réformes, il faudra au moins 46 ans pour obtenir des droits minimaux en matière de congé de maternité dans les pays analysés.
Congé de paternité quasi inexistant
Plus de 1,2 milliard d’hommes en âge de procréer vivent dans des pays où le congé de paternité n’existe pas. Pourtant, selon l’Oit, il permettrait d’équilibrer les responsabilités professionnelles et familiales des mères et des pères. Lorsqu’il existe un congé de paternité, il est de courte durée (9 jours en moyenne dans le monde), ce qui crée un important « déficit de congé entre hommes et femmes ». Le recours faible au congé de paternité serait une conséquence d’une faible rémunération de la paternité, des normes de genre et de la conception des politiques.
Lacunes
Dans seulement 40 des pays étudiés, les femmes enceintes ou allaitantes ont le droit d’être protégées contre les travaux dangereux ou insalubres, conformément aux normes de l’Oit.
Seuls 53 pays offrent le droit à un congé payé pour les examens médicaux prénataux. Les congés, la sécurité des revenus et les installations appropriées pour l’allaitement font également défaut dans de nombreux pays.
Conséquences du vieillissement des sociétés
Les besoins en services de soins de longue durée pour les personnes âgées et les personnes handicapées ont fortement augmenté en raison de l’augmentation de l’espérance de vie et de l’impact de la pandémie de Covid-19. Cependant, l’étude constate que des services tels que les soins résidentiels, les services de jour communautaires et les soins à domicile restent inaccessibles à la grande majorité des personnes qui en ont besoin dans le monde, alors que « les services de soins de longue durée sont essentiels pour garantir le droit de vieillir en bonne santé et dans la dignité ».
Investissement nécessaire
Le rapport constate qu’il existe «de solides arguments en faveur de l’investissement » pour la création d’un ensemble de politiques de soins transformatrices, fondées sur l’accès universel, qui constitueraient une avancée décisive dans la construction d’un monde du travail meilleur et plus égalitaire entre les sexes. L’investissement dans un congé égal pour les hommes et les femmes, dans des services universels de garde d’enfants et de soins de longue durée pourrait générer jusqu’à 299 millions d’emplois d’ici à 2035. Combler ces lacunes politiques nécessiterait un investissement annuel de 5 400 milliards de dollars (soit 4,2 % du Pib annuel total) d’ici à 2035, dont une partie pourrait être compensée par une augmentation des recettes fiscales provenant des revenus et des emplois supplémentaires.