Profession infirmière: Les acteurs plaident pour leur valorisation
Santé
Par
Maryse ASSOGBADJO, le 21 mai 2021
à
07h08
Au cœur des soins de santé, les acteurs de la profession infirmière constituent la colonne vertébrale du système sanitaire au Bénin et dans le monde. L’écho se fait entendre en ce mois de mai par la communauté internationale pour les valoriser.
Parés de leur blouse blanche décontractée, les acteurs de la profession infirmière passent de longues heures de travail à la quête du rétablissement des patients. Leur temps de repos est parfois conditionné par le flux de malades hospitalisés ou le nombre de consultations, la nuit, en week-end comme les jours fériés. Au niveau des centres de santé, ils sont au four et au moulin, carnets de soins, ordonnances, seringues ou encore flacons de sérum en main, sillonnant compartiments et chambres d’hospitalisation pour soulager les malades.
Ils sont aux petits soins de la communauté. Leur cahier des charges va au-delà du simple fait d’administrer des soins médicaux. Il se traduit aussi par l’attention qu’ils accordent aux personnes qui en ont besoin, partout, même dans les coins reculés.
Simone Koudedeo Minakpon Gangnon, infirmière, revendique fièrement sa blouse blanche : «L’infirmier est le pivot en matière de soins aux malades puisqu’il est l’agent de santé le plus en contact avec eux. Il leur administre des soins, les sensibilise, leur prodigue des conseils et veille sur eux à travers le protocole Information, éducation et communication (Iec). C’est une référence pour le malade ».
Ces agents de santé assurent le pont entre le médecin et le patient : « Au Bénin, l’infirmier sert de transit entre le malade et le médecin. C’est lui qui accueille le malade, le rassure, le met dans les bonnes conditions avant d’écouter les plaintes pour les faire parvenir au médecin. Il est l’oreille et la voie douce qui apaise le malade le préparant pour sa guérison », assure l’infirmière.
Premiers acteurs du monde sanitaire à être en contact avec les patients, ils sont des professionnels de la santé à part entière et méritent, à ce titre, l’attention de la communauté internationale à l’occasion d’une série de journées consacrées à leur intention en ce mois de mai.
D’abord, la Journée internationale des infirmières le 12 mai dernier, ensuite la Semaine nationale de la profession infirmière décrétée par le
Canada et célébrée du 10 au 16 mai. Ces célébrations visent à redorer le blason des acteurs et mettent en lumière leur rôle dans le dispositif des soins de santé. Le jeu en vaut la chandelle.
Pilier des soins de santé
L’un des thèmes qui retient l’attention cette année est intitulé ‘’La profession infirmière, une voix faite pour diriger, une vision pour les soins de demain’’. Il s’agit là d’une exhortation au monde à appréhender la noblesse du métier et à le considérer comme un pilier central des soins de santé à l’avenir.
Selon Giraudoux Sodégla, point focal départemental de l’Association nationale pour la relève de la profession infirmière, « ce thème vise à montrer comment les soins infirmiers se tourneront vers l’avenir et comment la profession abordera la prochaine étape des soins de santé. Cela révèle la nécessité de communiquer sur les compétences du métier infirmier et sur leur volonté de conforter leur rôle, leur place et leurs contributions au système de santé ».
Déjà, la crise sanitaire mondiale permet de jauger leurs compétences, vu leur poids dans la riposte. Ils ne manquent pas de mérite. « Les infirmiers se trouvent en amont de la riposte contre la Covid-19. Ils sont présents à tous les niveaux de la pyramide et sont au front de la lutte depuis la prévention primaire jusqu’à la prévention tertiaire. Ils sont les seuls à être réellement en contact avec les malades pour leur fournir des soins curatifs et des soins de soutien et d’accompagnement», assure-t-il.
Le métier est si contraignant et risqué que les acteurs confient avoir eu l’envie de déposer le tablier aux heures critiques de la pandémie. « L’avènement de la Covid-19 a suscité l’envie aux infirmiers de changer de métier », affirme Giraudoux Sodégla.
C’est pourquoi, leur sentiment est mitigé à l’occasion des différentes célébrations en leur faveur en ce mois. « Nous accueillons ces célébrations avec joie et amertume. Joie pour la célébration de cette journée. Amertume parce qu’à l’arrivée de la pandémie, nous avons vu nos conditions de travail empirer sans la prise des moindres mesures de soulagement de la part des autorités. Beaucoup de promesses nous ont été faites, mais peu d’actes ont été posés pour nous soutenir et reconnaître à leur juste valeur nos efforts pour protéger, maintenir et rétablir la santé des populations », relève-t-il.
Valoriser le métier
Si au Bénin, il se note la détermination de ces agents de santé à bien soigner les populations, le métier manque encore de visibilité. « L’infirmier est malheureusement relégué au second plan à l’instar de tous les autres professionnels de la santé de la classe des ‘’paramédicaux’’. Ils sont peu valorisés et le poids de leur travail est peu reconnu et semble être ignoré », déplore-t-il.
Pour valoriser le métier, les acteurs mettent l’accent sur l’assainissement de leur secteur afin de corriger ‘’les nombreuses déviances’’ qui entachent leur image.
Simone Koudedeo Minakpon Gangnon et Giraudoux Sodégla, tous deux, insistent sur la mise en place de meilleures conditions de travail et la création de l’Ordre des infirmiers en vue d’extirper les brebis galeuses de leurs rangs. Pour eux, « les autorités doivent veiller à faire une place aux infirmiers dans les instances de prise de décision les concernant et les encourager à entreprendre des recherches scientifiques dans la discipline infirmière».
Leurs recommandations tiennent du développement du leadership infirmier et de la prospérité du métier.