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Riposte contre le Vih/Sida: La démédicalisation pour promouvoir le dépistage

Santé
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 23 déc. 2019 à 07h05
Le Bénin amorce une nouvelle marche vers l’éradication du Vih. C’est à travers la démédicalisation de l’épidémie dont le lancement a été effectif ce vendredi 20 décembre à Cotonou. Elle vise à apporter le test au plus près des populations les plus à risques en vue d’une riposte accrue. Le processus est soutenu par Plan international Bénin en collaboration avec le gouvernement et l’Onu-Sida. Le Bénin sans Vih/Sida d’ici 2030, c’est possible. Les acteurs de la lutte multiplient les stratégies dans ce sens. Désormais officielle, la démédicalisation permettra d’accélérer les pas vers l’atteinte des trois 90. Elle marque la volonté des acteurs de booster les données en matière de lutte contre le Sida. « Au Bénin, à la fin de 2015, lorsque l’on poursuivait les réflexions sur la démédicalisation, moins de 50 % des personnes vivant avec le Vih (Pvvih) connaissaient leur statut sérologique. Avec l’ambition d’atteindre 90 % de cette cible en 2020, les acteurs ne pouvaient pas rester les bras croisés », souligne la directrice pays de l’Onu-Sida, Marie-Margarète Molnar. Quoique efficace, la stratégie médicalisée se révèle quelque peu insuffisante pour gagner le pari. «Il n’est plus possible aujourd’hui de s’appuyer sur la seule stratégie de dépistage de Vih médicalisée et centralisée effectuée par des professionnels de la santé. Le recours aux stratégies démédicalisées permettra de capter les personnes vivant avec le Vih qui, jusque-là, ignorent leur statut et passent à travers les mailles du filet de la stratégie actuelle », explique-t-elle. Pour preuve, argumente-t-elle, seulement 16 % des femmes et 8 % des hommes ont fait un test de dépistage au cours des douze derniers mois et sont éllés chercher leurs résultats. La stratégie démédicalisée permettra donc de combler les écarts. En dépit d’une tendance à la stabilisation au sein de la société en général, il existe encore des populations clés où la prévalence reste toujours préoccupante. Le représentant résident de Plan international Bénin, Karl Frederick Paul, dénombre 8,5 % chez les professionnelles du sexe, 7 % dans les rangs des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et 2,2 % chez les consommateurs de drogues injectables. Evoquant les données de l’Onu-Sida pour l’année 2018, le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin, souligne que le Bénin compte 73 000 Pvvih, mais environ 35 % ignorent leur statut sérologique en dépit des efforts du ministère de la Santé et ses partenaires pour l’accessibilité des services de dépistage du Vih. Accélérer le dépistage au Bénin La directrice de l’Onu-Sida renchérit : « Le Bénin a dépisté environ un demi-million de personnes dont la majorité est constituée des femmes enceintes, lors des consultations prénatales ». Les acteurs sont unanimes sur le fait qu’à partir de 2017, il fallait multiplier au moins par trois ce chiffre pour atteindre un million et demi de personnes dépistées afin de réaliser le premier 90. Cette ambition est aussi revue à la hausse dans le cadre stratégique du Plan national intégré vers l’élimination 2019-2023, qui projette de dépister environ sept millions et demi de personnes d’ici à 2023. Il faut donc accélérer la cadence. D’où l’urgence de la démédicalisation. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre de l’accélération du dépistage au Bénin, pour faciliter la mise rapide sous traitement antirétroviral et rompre la chaîne de transmission pour aller à l’élimination de la maladie en 2030. Elle contribuera à apporter le test au plus près des populations, y compris les groupes et communautés les plus reculés ou les plus marginalisés en vue d’accroître le nombre de Pvvih connaissant leur statut sérologique à environ sept mille en 2020, explique Karl Frederick Paul. Plan international Bénin y croit fortement et s’y attelle. En témoigne le renforcement de capacité de 147 pairs éducateurs formés à assurer le relais dans le cadre du dépistage. « Il se tiendra comme à l’accoutumée près des communautés en vue de les accompagner dans le processus d’opérationnalisation suivant une approche participative basée sur les droits humains », promet le représentant résident. Occasion pour le ministre de la Santé d’évoquer l’intérêt du dépistage : « Le traitement antirétroviral a prouvé toute son efficacité pour rompre la chaîne de transmission du Vih. Le dépistage du Vih reste un élément important pour donner une réponse efficace à l’épidémie. Il favorise l’accès au traitement et services de soins, ainsi que la prévention efficace de la transmission ». Les cibles ambitieuses de traitement du Vih sont constituées des 90-90-90. La connaissance du statut sérologique, le premier 90 est l’étape la plus importante desdites cibles, car elle constitue la porte d’entrée pour aller vers les deux autres 90.