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Risques liés aux avortements clandestins: Comment prévenir les riques?
Les méthodes contraceptives visent à réduire la mortalité maternelle. Elles aident les couples à mieux planifier leur vie en espaçant les naissances. Bien que bénéfiques pour celles qui les ont adoptées, des femmes pour certaines raisons n’en font pas usage et tombent enceintes. Ces grossesses involontaires subissent généralement une interruption dont la plupart sont fatales pour les porteuses.
«Aucune femme ne souhaite un jour avoir un avortement. Pourtant, face à une grossesse non planifiée, certaines femmes, les célibataires en particulier, ne voient pas d’autre issue que l’avortement», déclare Hélène Houngbo, présidente nationale du Mouvement d’action des Jeunes de l’Agence béninoise pour la planification familiale (ABPF). C’était au cours des travaux de l’atelier de renfoncement des capacités des journalistes sur la contraception et les avortements à risque qui ont commencé depuis le lundi 16 novembre dernier à Bohicon. Il résulte de cette déclaration que la non planification des grossesses est la principale cause des avortements clandestins qui conduisent généralement à des complications et à la mort. Hormis les rares situations où l’on est contraint de mettre fin à une grossesse désirée en vue de sauver la vie ou préserver la santé d’une femme, ou du fait que le fœtus ne peut survivre en dehors de l’utérus, poursuit Hélène Houngbo, la grande majorité des avortements provoqués visent à interrompre des grossesses non planifiées. Pour elle, une grossesse peut être non planifiée pour plusieurs raisons parce qu’elle est le résultat de rapports sexuels forcés et incestueux; ou parce qu’une femme manque de moyens pour élever un enfant, elle n’a pas encore fini l’école, elle se trouve dans une relation instable, est encore célibataire, a un partenaire qui ne peut pas prendre un enfant en charge, elle veut un intervalle inter génésique suffisant, ou a atteint la taille de famille qu’elle désire. La plupart de ces grossesses pourraient être évitées grâce à l’utilisation des contraceptifs, y compris la contraception d’urgence.
Les préférences croissantes pour moins d’enfants
Selon l’OMS, 215 millions de femmes vivant dans des pays en développement n’ont pas accès à des moyens de contraception modernes malgré le désir de limiter les naissances. Ainsi, 82% des grossesses non désirées dans les pays en développement surviennent chez des femmes dont les besoins en matière de contraception ne sont pas satisfaits.
Au Bénin, les jeunes filles des collèges et lycées et surtout les femmes en couple pratiquent l’avortement. «Ce phénomène n’est pas sans explication», souligne Hélène Houngbo. Lorsque les désirs des femmes pour des familles moins nombreuses augmentent plus vite que l’adoption et l’utilisation effective des contraceptifs modernes, le résultat inévitable est une hausse des grossesses non planifiées qui à son tour augmente les naissances non planifiées et des avortements provoqués. Ce comportement montre que des femmes manifestent le désir d’avoir moins d’enfants mais ne sont pas toujours autorisées à utiliser des contraceptions. Elles se heurtent à des obstacles qu’il faille analyser et corriger. La cause immédiate d’une grossesse non planifiée est la non-utilisation des contraceptifs, l’utilisation abusive ou l’échec d’une méthode contraceptive. Pour agir sur leurs préférences d’avoir moins d’enfants, les femmes ont besoin d’obtenir et d’utiliser avec succès les contraceptifs modernes.
Au nombre des obstacles liés à l’utilisation des méthodes de la planification, contrairement aux objections culturelles évoquées pour la non-utilisation, il y a les raisons liées aux effets secondaires ou aux rumeurs liées aux méthodes. Une autre barrière qui peut être levée grâce à de meilleurs conseils, est la croyance commune selon laquelle les femmes doivent d’abord reprendre leurs menstruations après une grossesse, avant de redémarrer la pratique contraceptive.
Certains des obstacles structurels profondément ancrés contre l’utilisation des contraceptifs à grande échelle, prennent en compte les problèmes habituels de financement insuffisant, la pénurie des ressources humaines et le manque de formation adéquate chez le personnel de santé.
Des complications liées aux méthodes utilisées
Une raison justifiant le niveau très élevé des besoins non satisfaits chez les femmes célibataires est que la stigmatisation sociale contre l’activité sexuelle en dehors du mariage, empêche les femmes de solliciter et de recevoir les services de contraception. Tant que cette situation perdure, les jeunes femmes célibataires seront à risque élevé de grossesses non planifiées et, par extension, très exposées aux dangers de l’avortement à risque.
Les complications d’avortement et leur gravité sont étroitement liées au type de méthodes abortives utilisées. Les méthodes les plus " à risque " sont surtout celles basées sur la pharmacopée traditionnelle, l’insertion d’objets dans l’utérus, l’utilisation de médicaments en surdosage, les produits chimiques. Mais les méthodes chirurgicales ne sont pas non plus dénuées de risques surtout lorsqu’elles sont pratiquées par des personnels de santé non qualifiés ou dans un environnement sanitaire inadéquat. L’utilisation de certaines méthodes ne produit pas toujours l’effet escompté. Elle se solde parfois par un échec de cet avortement, des séquelles pour l’enfant à naître ou des problèmes de santé pour la femme.
Les complications les plus fréquentes sont des lésions des organes génitaux, des douleurs pelviennes chroniques, des infections, des hémorragies, des hystérectomies, des problèmes de stérilité et d’incontinence, et même le décès de la femme. À ces problèmes de santé s’ajoutent toutes les conséquences psychologiques et sociales pour les femmes, conséquences peu abordées dans les études.
Les risques liés aux avortements
et moyens de prévention
Le chargé de programme à l’ABPF, Serge Kitihoun, a rappelé que les principaux risques des avortements chirurgicaux sont les mêmes que pour ceux médicamenteux. A savoir des douleurs, des saignements et des nausées. Cependant, l'IVG chirurgicale présente des risques inhérents à toute intervention chirurgicale, mais également un risque de perforation de l'utérus, de perforation de l'intestin, d’hémorragie et des infections. Il a expliqué que l'introduction dans l'utérus de matériel médical, parfois en métal met en danger l'intégrité de l'utérus. La complication la plus grave et redoutée des gynécologues est la perforation de l'utérus. La lacération du col de l'utérus, si elle est moins grave que la perforation, est cependant beaucoup plus fréquente : 1% des avortements d'un embryon de moins de 3 mois réclame des points de suture. Les risques sont accrus lorsque l'embryon a plus de trois mois, pour les adolescentes, ou quand le praticien néglige d'utiliser une laminaire pour dilater le col. La perforation ou la lacération de l'utérus peut entraîner des complications pour les grossesses futures, et peuvent obliger les médecins à procéder à une hystérectomie et donc les complications spécifiques à cette opération. Elles sont aussi mises en causes dans les cas de stérilité des femmes. Les femmes qui ont eu un, deux ou trois avortements courent respectivement 1,89; 2,02 et 2,66 fois plus de risques d'avoir un accouchement prématuré en comparaison à celles qui ont mené à terme une grossesse. L'avortement, associé à des dommages de l'utérus accroît le risque de prématurés, de complications durant la naissance, d'un développement anormal du placenta pour les grossesses tardives. Ces complications sont les principales causes de handicap pour les nouveau-nés. Il est évident, a rassuré Serge Kitihoun, que prévenir les interruptions volontaires de grossesses revient à prévenir celles non désirées par des moyens de contraceptions adéquats et par une information et une éducation sexuelles. Il reste encore beaucoup de craintes, de croyances, de pressions familiales ou de la part du mari, en plus d’un accès difficile et parfois onéreux aux contraceptifs, qui entravent l’accès des femmes à la contraception?