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Vaccin contre le Sida: L’espoir est permis

Santé
Par   Catherine Fiankan-Bokonga, le 23 août 2021 à 08h30
L’entreprise de biotechnologie américaine Moderna a débuté ses premiers essais cliniques sur des humains pour tester deux vaccins, basés sur la technologie de l’Arn messager, contre le Sida. Exactement 37 ans après la découverte du Vih, cette nouvelle est source d’optimisme car chaque année on compte 2 millions de nouveaux malades infectés par le virus et on constate 690 000 décès. A l’heure actuelle, plus de 38 millions de personnes dans le monde vivent avec le Vih. Le coût annuel du Sida est estimé à 105 milliards de dollars. En 1984, la Secrétaire d’Etat américaine en charge de la santé et des services sociaux, Margaret Heckler, annonçait que le virus Hiv était responsable du Sida et elle espérait que dans les 2 années suivantes un vaccin serait prêt à être testé pour rapidement stopper l’infection. Depuis, aucun remède n’a été trouvé. Jusqu’à maintenant les processus de recherche ont atteint la Phase III à plusieurs reprises sans obtenir de résultat convaincant. La bonne nouvelle est que le 19 août la société de biotechnologie américaine Moderna a commencé à tester deux vaccins contre le Vih sur 56 volontaires, âgés entre 18 et 50 ans, non-infectés et en bonne condition physique. Le but de cette Phase I est de vérifier que les vaccins ne provoquent pas d’effets secondaires dangereux et qu’ils enclenchent une réponse immunitaire efficace avec la production d’anticorps protecteurs durables. Cette étude devrait prendre fin en avril 2023. La technologie utilisée est celle de l’Arn messager (ARNm). Arn messager Selon l’Oms, la technique à base d’acides nucléiques est une nouvelle façon de développer des vaccins. Ces dernières années, les laboratoires de recherches ont développé des vaccins à Arn messager au niveau du traitement contre le cancer par immunothérapie (stimulation des défenses de l’organisme) et pour lutter contre des maladies infectieuses comme la rage, Zika, ou le Vih. Un vaccin à base d’acides nucléiques fournit un ensemble spécifique d’instructions à nos cellules, que ce soit sous forme d’Adn ou d’ARNm, pour que celles-ci fabriquent la protéine spécifique que nous souhaitons que notre système immunitaire puisse reconnaître et combattre. Avant la pandémie de Covid-19, aucun vaccin de ce type n’avait encore été soumis au processus complet d’approbation pour une utilisation chez l’homme, bien que certains vaccins à Adn, y compris contre certains cancers, faisaient déjà l’objet d’essais sur l’être humain. En raison de la pandémie, la recherche dans ce domaine a progressé très rapidement. Optimisme Actuellement, deux essais cliniques de Phase III sont en cours pour trouver un vaccin contre le Sida. La société pharmaceutique Johnson & Johnson, à l’origine du vaccin Janssens contre la Covid-19, est impliquée dans ces démarches scientifiques. Le premier essai, appelé Imbokodo a débuté en novembre 2017. Il teste un vaccin sur des femmes originaires d’Afrique (Malawi, Mozambique, Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe). La phase III du second, Mosaico, a débuté en juillet 2021 et se déroule sur plusieurs sites en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe. Il étudie les effets sur des hommes gais, bisexuels et sur des transgenres. Ceux-ci visent à renforcer la réponse immunitaire en contenant des antigènes de nombreux sous-types viraux différents. Les résultats sont attendus avec impatience ; ils seront connus en février 2022 et 2023. Qu’est-ce qu’un essai clinique? Étude de phase I: La phase initiale d’une étude clinique constitue celle des tout premiers essais du produit expérimental chez l’être humain. Le produit est d’abord testé sur un petit groupe de volontaires (20-80 personnes). L’objectif de cette phase est d’évaluer l’innocuité du produit et ses potentiels effets secondaires. Étude de phase II: Le produit expérimental est ensuite administré à un groupe plus important de volontaires (100-300 personnes) afin de déterminer son efficacité et de poursuivre l’évaluation de son innocuité. Étude de phase III: Lorsque le produit expérimental a passé les deux premières phases, il est administré à un large groupe de volontaires (1 000-3 000 personnes). Cette phase de grande envergure permet de confirmer l’efficacité du produit, de surveiller les effets secondaires et de comparer le produit à un traitement de référence. Des informations sur l’utilisation la plus adaptée du produit sont également collectées. Étude de phase IV: Une fois que le produit a reçu l’autorisation de mise sur le marché et est rendu accessible au grand public, il entre en phase IV. Cette phase est celle du suivi à long terme du produit et permet d’identifier d’éventuels effets secondaires rares ou des complications tardives. Par Catherine Fiankan-Bokonga, correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse)