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Autonomisation des femmes de Grand-Popo: Dynamiques locales autour du jonc

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Gbèdassi Ahounou est l'une des trieuses de renom Gbèdassi Ahounou est l'une des trieuses de renom

Au cœur de la réserve de biosphère Bouche du Roy, dans le département du Mono, le jonc fait le bonheur des femmes. Sa transformation en divers produits permet à la gent féminine de s'autonomiser et de s'épanouir. Zoom sur une activité économique majeure dans la commune de Grand-Popo…

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 23 avr. 2024 à 06h58 Durée 5 min.
#autonomisation des femmes

Arrondissement de Gbéhoué, commune de Grand-Popo. 11 h 20. L’Association villageoise d’épargne et de crédit (Avec) Nèdjroamèdé d’Adimado vient de finir sa réunion hebdomadaire. Les dizaines de carnets d’épargne disposés au milieu de l’assemblée rendent compte de la tenue des finances et des efforts de chaque membre. Entre anecdotes, éclats de rires, récits d’expériences et applaudissements, les femmes de cette association prennent part aux réunions avec beaucoup d’enthousiasme.

Leur adhésion à l’association ‘’Avec’’, installée il y a environ quatre ans, est un atout majeur. A chaque réunion, une femme ramasse la somme réunie, afin de la réinvestir dans une activité génératrice de revenus. Le principe est connu et les membres participent aux réunions dans cet état d’esprit. Celles qui sont à jour de leurs cotisations sont éligibles aux prêts. Une véritable bouffée d’oxygène pour les femmes.

« Les femmes ont pris au sérieux les Associations villageoises d’épargne et de crédit dès qu’elles en ont vu l’importance. Cette stratégie les a rendues vraiment autonomes », apprécie Ekué Franck Affanou, assistant de projet à Eco-Bénin, avant de poursuivre : « Elles étaient habituées à faire des prêts auprès des institutions de microfinance avec des taux d’intérêt élevés. En présence des Associations villageoises d’épargne et de crédit, ces institutions leur font la cour aujourd’hui, en vain. Elles n’y trouvent pas grand intérêt. Les ‘’Avec’’ contribuent énormément à leur autonomisation ».


Les femmes font de l'exploit avec le jonc

Au sein desdites associations, les choses ne se font pas au rabais. Les membres bénéficient de différentes formations en matière de planification, d’éducation financière et d’autonomisation. Mélanie Décadjèvi en est un vivant témoignage. « On nous a appris comment dépenser l’argent et comment épargner les bénéfices. C’est avec l’aide de mon association que j’ai démarré la construction de ma maison en matériaux durs. Lorsque je suis à court de moyens, je peux bénéficier d’un prêt pour acheter du ciment et le rembourser après. J’apprécie la bonne gestion des finances au sein de cette association », laisse-t-elle entendre.

Leur motivation tient de la transformation du jonc, activité phare des femmes de la localité. « La transformation des joncs est intéressante. C’est un métier qu’on peut exercer sur place chez soi et en même temps s’occuper de sa famille », apprécie Odile Houssou, membre de l’Avec Nèdjroamèdé d’Adimado.

Pour cette femme qui a déjà acquis plus d’un quart de siècle d’expérience dans ce métier, le jonc représente sa survie.  « Je paye la scolarité de mes enfants et les nourris, sans attendre leur père », confie-t-elle.

 Qui y touche y prend goût

 Odile Houssou est une jeune transformatrice dévouée. Elle ne connaît autre activité que l’exploitation du jonc. Pour celle dont la naissance a eu lieu presque dans les champs de jonc, la matière n’a plus aucun secret.

Perçue d’un regard extérieur comme une activité peu rentable, la transformation du jonc fait le bonheur des femmes du Mono. «Je note une amélioration de mes conditions de vie comparativement au passé», se réjouit Mélanie Décadjèvi.

Les exemples de réussite dans le rang des transformatrices foisonnent. Ablavi Luclaisse Tossou, couturière de formation, a pris goût à la fabrication de nattes à base de jonc, depuis qu’elle y a touché pour la première fois. Elle cumule agréablement cette activité et la couture.

Gbèdassi Ahounou est l’une des trieuses de renom. Son lieu de travail est situé sous un arbre derrière l’école primaire publique d’Avlo-plage. La soixantaine révolue, elle s’adonne à cette activité au quotidien. Chaque jour, elle s’évertue à faire le tri de tous les joncs ramenés de la zone d’exploitation, notamment dans les prairies marécageuses avant de se donner du repos.

Marie-Claire Gangnan n’est pas moins heureuse d’exercer ce métier qu’elle espère léguer à ses enfants. « Ce n’est que par cette activité que j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille », dit-elle.

Il ne pourrait en être autrement pour cette dame qui tient ce métier de sa grand-mère qui est la présidente des associations villageoises d’épargne et de crédit d'Avlo-Plage.

Les bénéfices générés par la transformation du jonc en natte permettent aux membres de l’association Nèdjroamèdé d’Adimando de mieux gérer les périodes de soudure. « J’ai tracé mes perspectives en fonction de mes économies issues de la fabrication des nattes », souligne-t-elle.

En dehors du principal produit issu de la transformation du jonc qu’est la natte, elles réussissent aussi à fabriquer des serpillères, des chapeaux, des matelas, des nappes de table, des couvre-verres, des éventails, des couffins, des sacs, des étalages, des ‘’tchatcha’’ (chaîne fabriquée à base de jonc que les dignitaires traditionnels portent au pied) ….