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Une éducation spécialisée pour les handicapés intellectuels

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Une éducation spécialisée pour les handicapés intellectuels Une éducation spécialisée pour les handicapés intellectuels

Le Bénin compte plusieurs centres d’accueil dédiés aux personnes handicapées. Parmi eux, certains offrent une éducation et une prise en charge adaptées aux besoins spécifiques de la personne handicapée. C’est le cas de Chrysalide qui accueille les handicapés intellectuels.

Par   Reine AZIFAN, le 18 oct. 2023 à 08h49 Durée 4 min.
#les handicapés intellectuels #Une éducation spécialisée

Mercredi 11 octobre, il sonnait 11 heures quand notre équipe franchit le portail de Chrysalide, l'Association pour l'intégration des personnes handicapées intellectuelles du Bénin, sise au quartier Fidjrossè à Cotonou. Dans ce centre, enfants, jeunes et adultes présentant une déficience intellectuelle sont accueillis et accompagnés. Ils travaillent aussi bien en groupes qu’individuellement selon les besoins. Un handicapé intellectuel est cette personne qui a des difficultés pour apprendre, pour comprendre et pour retenir. Il a besoin presque en permanence d’une assistance pour effectuer la moindre activité. C’est pour les amener à acquérir une certaine autonomie qu’ils sont dans ce centre qui ouvre ses portes d’octobre à juin.  « Ce n'est pas une école pour passer le Cep, non. Quand ils viennent ici, en fonction de leurs capacités et aussi de leurs besoins, on fait tout pour les rendre le plus autonomes possible et épanouis », explique la directrice exécutive de l’association, Claudine Lawson Daïzo.  A cette heure de la journée, toutes les sections sont en pleine activité. Jeux de construction de puzzle pour les jeunes enfants de la Section 2, pendant que, à côté, ceux de la Section 3 se concentrent sur les explications de l’encadreur occupé à écrire au tableau. Des explications de Mireille Adjinda, psychologue, animatrice et responsable de la coordination des activités à la Chrysalide, on retient que les apprenants sont répartis en trois Sections. La Section 3 regroupe les jeunes ayant fréquenté l'école ordinaire jusqu'à la limite de Cm1/ Cm2 donc sachant lire et écrire et faire des opérations mathématiques au niveau basique. Les activités qui leur sont proposées ici visent à leur permettre de continuer l'instruction et de maintenir les acquis. La Section 2 regroupe des jeunes présentant des difficultés scolaires, des troubles de comportement et une instabilité psychomotrice. « Avec ce groupe, on fait plus des activités psychomotrices, la construction de puzzles et de lego, on leur apprend à connaître les couleurs, les formes, toujours dans le but de maintenir les acquis au niveau scolaire », précise la psychologue.

Une assistance permanente

Si les jeunes de la Section 3 ont une grande autonomie dans les activités et les apprentissages, ceux de la Section 2 en revanche ont plus ou moins cette autonomie mais nécessitent en permanence, selon les besoins, la présence d'un accompagnateur. A la Section 1, ce sont ceux-là qui n'ont pas du tout d'autonomie. « Ils ne sauront pas vous dire je veux uriner, je veux manger. Pour la majorité d'entre eux, le langage articulé est absent. Donc, il faut un moyen alternatif de communication qui est parfois le langage des signes, c’est-à-dire exprimer ses besoins juste en faisant des gestes, en venant toucher la personne concernée», explique la psychologue.  C’est dire que les jeunes enfants de cette section ne pourront pas comprendre les consignes comme il se doit. Même si c'est dans une langue qui est parlée couramment à la maison, ce sont des personnes à grand besoin de soutien. Ils sont en majorité également autistes et il y en a qui associent au handicap intellectuel, des déficiences physiques et ou sensorielles et ont besoin en permanence d'assistance et d'aide humaines.

« Les activités qu'on mène avec eux, c'est pour leur permettre de conserver leur humanité. Parce que quand tu es appelé à vivre au milieu des humains, tu dois acquérir une certaine autonomie pour permettre à ceux qui sont avec toi de souffler un peu», explique Mireille Adjinda.  Il s’agit de les amener à acquérir des compétences basiques telles que : savoir au moins porter ses vêtements, savoir distinguer sa gauche de sa droite, identifier les couleurs, les formes, le temps qu'il fait, les moments de la journée, quand il faut manger, quand il faut aller au lit. « On organise des activités selon les moments de la journée pour qu'ils puissent se repérer quand même dans l'espace et dans le temps et dans l'environnement où ils sont », précise-t-elle.

En dehors de ces trois sections, il y a un atelier pour les travaux manuels sous la responsabilité de dame Chantal Gnanhoui. Elle est infirme motrice cérébrale (Imc). Mais ce handicap ne l'empêche pas d'enfiler ses perles, de fabriquer des boucles d'oreille, des chaînes, des bracelets, de customiser des chaussures grâce au fil de laine et en plus de tout ça, de transmettre ce savoir-faire aux enfants trisomiques, Imc et autistes qui viennent à son atelier. Ces travaux manuels permettent, entre autres, aux apprenants de travailler leur motricité, de développer leur capacité sensorielle, d’apprendre à compter. Pour ce type de handicap, les résultats de ces apprentissages s’observent sur le long terme.

Les mesures en faveur de l’éducation et de la formation des personnes handicapées

En vue d’une meilleure intégration sociale des personnes en situation de handicap, cinq décrets d’application de la loi N° 2017-06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin ont été adoptés. Au nombre de ceux-ci, celui fixant les modalités d’appui à la promotion de l’éducation et de la formation des personnes handicapées. Le compte rendu du Conseil des ministres du mercredi 21 juin dernier renseigne clairement sur lesdites mesures :

• tout établissement d’éducation et de formation des personnes handicapées bénéficie du suivi technique et pédagogique des ministères en charge de l’Enseignement et des Affaires sociales ;

• l’État accorde une subvention annuelle aux établissements privés d’éducation et de formation des personnes handicapées pour soutenir leur fonctionnement, l’acquisition de matériels didactiques et informatiques adaptés ainsi que le développement d’initiatives et d’approches pédagogiques compatibles avec leurs besoins spécifiques ;

• les candidats handicapés scolarisés peuvent, en fonction des modalités de prise en compte de l’éducation physique et sportive définies par le règlement d’examen, participer à une épreuve ponctuelle d’éducation physique et sportive adaptée ;

• l'autorité administrative compétente chargée de l’attribution de bourses, de secours, de logements et autres œuvres sociales en milieux scolaire et universitaire tient compte de la nature du handicap ainsi que des difficultés liées à la déficience en cause pour définir les critères spécifiques d’attribution des appuis sociaux aux apprenants handicapés ;

• une majoration de cinq (5) ans d’âge est appliquée aux personnes handicapées sur l’âge requis pour toute inscription ou attribution d’appuis tels que les bourses et secours en milieux scolaire et universitaire ;

• une aide financière annuelle est octroyée aux étudiants porteurs d’un handicap ne bénéficiant ni de bourse ni d’aides universitaires.