La Nation Bénin...
Le Bénin compte plusieurs centres d’accueil dédiés aux
personnes handicapées. Parmi eux, certains offrent une éducation et une prise
en charge adaptées aux besoins spécifiques de la personne handicapée. C’est le
cas de Chrysalide qui accueille les handicapés intellectuels.
Mercredi 11 octobre, il sonnait 11 heures quand notre
équipe franchit le portail de Chrysalide, l'Association pour l'intégration des
personnes handicapées intellectuelles du Bénin, sise au quartier Fidjrossè à
Cotonou. Dans ce centre, enfants, jeunes et adultes présentant une déficience
intellectuelle sont accueillis et accompagnés. Ils travaillent aussi bien en
groupes qu’individuellement selon les besoins. Un handicapé intellectuel est
cette personne qui a des difficultés pour apprendre, pour comprendre et pour
retenir. Il a besoin presque en permanence d’une assistance pour effectuer la
moindre activité. C’est pour les amener à acquérir une certaine autonomie
qu’ils sont dans ce centre qui ouvre ses portes d’octobre à juin. « Ce n'est pas une école pour passer le Cep,
non. Quand ils viennent ici, en fonction de leurs capacités et aussi de leurs
besoins, on fait tout pour les rendre le plus autonomes possible et épanouis »,
explique la directrice exécutive de l’association, Claudine Lawson Daïzo. A cette heure de la journée, toutes les
sections sont en pleine activité. Jeux de construction de puzzle pour les
jeunes enfants de la Section 2, pendant que, à côté, ceux de la Section 3 se
concentrent sur les explications de l’encadreur occupé à écrire au tableau. Des
explications de Mireille Adjinda, psychologue, animatrice et responsable de la
coordination des activités à la Chrysalide, on retient que les apprenants sont
répartis en trois Sections. La Section 3 regroupe les jeunes ayant fréquenté
l'école ordinaire jusqu'à la limite de Cm1/ Cm2 donc sachant lire et écrire et
faire des opérations mathématiques au niveau basique. Les activités qui leur
sont proposées ici visent à leur permettre de continuer l'instruction et de
maintenir les acquis. La Section 2 regroupe des jeunes présentant des
difficultés scolaires, des troubles de comportement et une instabilité
psychomotrice. « Avec ce groupe, on fait plus des activités psychomotrices, la
construction de puzzles et de lego, on leur apprend à connaître les couleurs,
les formes, toujours dans le but de maintenir les acquis au niveau scolaire »,
précise la psychologue.
Une assistance permanente
Si les jeunes de la Section 3 ont une grande autonomie dans
les activités et les apprentissages, ceux de la Section 2 en revanche ont plus
ou moins cette autonomie mais nécessitent en permanence, selon les besoins, la
présence d'un accompagnateur. A la Section 1, ce sont ceux-là qui n'ont pas du
tout d'autonomie. « Ils ne sauront pas vous dire je veux uriner, je veux
manger. Pour la majorité d'entre eux, le langage articulé est absent. Donc, il
faut un moyen alternatif de communication qui est parfois le langage des
signes, c’est-à-dire exprimer ses besoins juste en faisant des gestes, en
venant toucher la personne concernée», explique la psychologue. C’est dire que les jeunes enfants de cette
section ne pourront pas comprendre les consignes comme il se doit. Même si
c'est dans une langue qui est parlée couramment à la maison, ce sont des
personnes à grand besoin de soutien. Ils sont en majorité également autistes et
il y en a qui associent au handicap intellectuel, des déficiences physiques et
ou sensorielles et ont besoin en permanence d'assistance et d'aide humaines.
« Les activités qu'on mène avec eux, c'est pour leur
permettre de conserver leur humanité. Parce que quand tu es appelé à vivre au
milieu des humains, tu dois acquérir une certaine autonomie pour permettre à
ceux qui sont avec toi de souffler un peu», explique Mireille Adjinda. Il s’agit de les amener à acquérir des
compétences basiques telles que : savoir au moins porter ses vêtements, savoir
distinguer sa gauche de sa droite, identifier les couleurs, les formes, le
temps qu'il fait, les moments de la journée, quand il faut manger, quand il
faut aller au lit. « On organise des activités selon les moments de la journée
pour qu'ils puissent se repérer quand même dans l'espace et dans le temps et
dans l'environnement où ils sont », précise-t-elle.
En dehors de ces trois sections, il y a un atelier pour les
travaux manuels sous la responsabilité de dame Chantal Gnanhoui. Elle est
infirme motrice cérébrale (Imc). Mais ce handicap ne l'empêche pas d'enfiler
ses perles, de fabriquer des boucles d'oreille, des chaînes, des bracelets, de
customiser des chaussures grâce au fil de laine et en plus de tout ça, de
transmettre ce savoir-faire aux enfants trisomiques, Imc et autistes qui
viennent à son atelier. Ces travaux manuels permettent, entre autres, aux
apprenants de travailler leur motricité, de développer leur capacité
sensorielle, d’apprendre à compter. Pour ce type de handicap, les résultats de
ces apprentissages s’observent sur le long terme.
Les mesures en faveur de l’éducation et de la formation des personnes handicapées
En vue d’une meilleure intégration sociale des personnes en
situation de handicap, cinq décrets d’application de la loi N° 2017-06 du 29
septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes
handicapées en République du Bénin ont été adoptés. Au nombre de ceux-ci, celui
fixant les modalités d’appui à la promotion de l’éducation et de la formation
des personnes handicapées. Le compte rendu du Conseil des ministres du mercredi
21 juin dernier renseigne clairement sur lesdites mesures :
• tout établissement d’éducation et de formation des
personnes handicapées bénéficie du suivi technique et pédagogique des
ministères en charge de l’Enseignement et des Affaires sociales ;
• l’État accorde une subvention annuelle aux établissements
privés d’éducation et de formation des personnes handicapées pour soutenir leur
fonctionnement, l’acquisition de matériels didactiques et informatiques adaptés
ainsi que le développement d’initiatives et d’approches pédagogiques
compatibles avec leurs besoins spécifiques ;
• les candidats handicapés scolarisés peuvent, en fonction
des modalités de prise en compte de l’éducation physique et sportive définies
par le règlement d’examen, participer à une épreuve ponctuelle d’éducation
physique et sportive adaptée ;
• l'autorité administrative compétente chargée de
l’attribution de bourses, de secours, de logements et autres œuvres sociales en
milieux scolaire et universitaire tient compte de la nature du handicap ainsi
que des difficultés liées à la déficience en cause pour définir les critères
spécifiques d’attribution des appuis sociaux aux apprenants handicapés ;
• une majoration de cinq (5) ans d’âge est appliquée aux
personnes handicapées sur l’âge requis pour toute inscription ou attribution
d’appuis tels que les bourses et secours en milieux scolaire et universitaire ;
• une aide financière annuelle est octroyée aux étudiants
porteurs d’un handicap ne bénéficiant ni de bourse ni d’aides universitaires.