Formation des personnes handicapées au Bénin: En marche vers l’éducation inclusive

Amener les enseignants à pratiquer un enseignement inclusif, c’est-à-dire qui tient compte de l’apprenant handicapé, tel est l’objectif que visent certaines organisations qui œuvrent pour la promotion des droits des personnes handicapées. L'inclusion exige que les personnes avec et sans handicap participent ensemble à une activité et interagissent sans aucune discrimination. Cela suppose en milieu scolaire que les enseignants sont formés, que le mobilier approprié est disponible et que les infrastructures sont accessibles. Pour le moment, ce n'est pas encore le cas. « Nous faisons la sensibilisation et le plaidoyer pour la mise en œuvre de l'éducation inclusive, mais le gros problème, c'est que l'enfant aujourd'hui ne peut pas encore aller dans l'école de son quartier parce que l'enseignant n’a pas la formation requise », constate Claudine Lawson Daïzo, directrice exécutive de la Chrysalide, l'association pour l'intégration des personnes handicapées intellectuelles du Bénin.

En matière d’éducation ou de formation professionnelle, diverses options se présentent aux personnes en situation de handicap. En fonction de leur handicap et de leur capacité d’assimilation, elles peuvent bénéficier d’une éducation spécialisée, intégratrice ou inclusive. Concernant l’éducation inclusive, plusieurs centres au Bénin font figure d’exemple. C’est le cas du Centre d’accueil, d’éducation et d’intégration des sourds (Caeis) de Louho à Porto-Novo. Ici, élèves sourds et entendants se côtoient, se partagent la même table de classe, la même cour de récréation, le même enseignement, l’enseignant utilise simultanément la langue des signes et le français parlé avec des résultats assez intéressants.

S’agissant de l’éducation intégratrice, le Collège d’enseignement général de Sègbèya à Cotonou en est un exemple. Parmi ses effectifs, on dénombre des élèves malvoyants ayant achevé leur parcours primaire dans un centre spécialisé, le Centre de promotion sociale des aveugles de Sègbéya. Ils bénéficient des mêmes enseignements que les autres élèves. Seulement qu’au moment des évaluations, recours est fait aux transcripteurs pour rendre leurs productions réalisées en braille accessibles aux enseignants. A ce niveau également, les résultats obtenus sont satisfaisants: pour le compte de l’année scolaire passée, tous les candidats amblyopes présentés au Bepc (4) et au Bac (3) ont été déclarés admis. Pour l’année scolaire en cours, ils sont au total 31 élèves amblyopes à poursuivre leurs études de la 6e en Terminale dans ce collège. Il y a enfin l’éducation spécialisée mise en place selon la nature du handicap. Quoique contraire à l’éducation inclusive, l’éducation spécialisée représente encore aujourd’hui un moyen important d’intégration des personnes handicapées. D’autres actions restent à engager pour que les personnes handicapées jouissent pleinement de leurs droits. Pour ce qui concerne l’éducation inclusive, « il faut que l'État commence à faire la formation initiale et la formation continue des enseignants de façon qu'ils puissent accueillir un enfant, quelle que soit sa différence, quelles que soient ses difficultés », plaide Claudine Lawson Daïzo. Il faut noter qu’en dépit des sensibilisations organisées çà et là, les discriminations et les préjugés constituent de véritables obstacles à la scolarisation des enfants en situation de handicap. L’adoption des récents textes en faveur des personnes en situation de handicap constitue une avancée et contribuera à améliorer leurs conditions de formation et leur insertion professionnelle?