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Réforme de l’administration territoriale dans l’Ouémé/Plateau: Les observations de l’expert Paul Déhoumon

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Paul Dèhoumon, expert en décentralisation et politique communale Paul Dèhoumon, expert en décentralisation et politique communale

« La réforme est à saluer. Nous allions dans le décor avec la manière dont les choses se passaient. On tendait vers une République de maires trop puissants et qui prenaient la gouvernance en otage », observe Paul Dèhoumon, juriste de formation, expert-consultant, formateur en Décentralisation et Politique communale, conseiller communal à Avrankou. Selon lui, la gestion actuelle des communes tranche avec ce qui se faisait par les maires qui ne géraient pas de façon catholique les ressources.

Par   Thibaud C. NAGNONHOU, le 05 sept. 2023 à 07h06 Durée 2 min.
#l’Ouémé/Plateau
« La terre était le problème fondamental. On faisait des lotissements intéressés et on prenait sa part. Ce qui se faisait n’était pas bien. Il fallait un organe qui arrive à dissuader et freiner les élans », analyse l’expert qui salue l’avènement des Se. « Avec la réforme, les maires sont essentiellement dans leur rôle politique. Ils reçoivent les acteurs de la commune avec qui ils discutent des questions de développement de la commune. Les Se, quant à eux, s’occupent de la gouvernance à tout point de vue », détaille Paul Dèhoumon. Mais seulement, après un an de mise en œuvre de la réforme, l’expert remarque que tout ne tourne pas encore rond. Selon lui, ça ne se passe pas très bien parce qu’il y a un déficit de formation des Se. Certains Secrétaires exécutifs de mairies peinent à prendre leurs marques et sont dans une attitude de gens qui ont peur de s’affirmer et d’assumer leurs responsabilités. Par endroits, la collaboration n’est pas bonne entre le Se et le maire qui reste toujours jaloux de ses prérogatives d’hier et ne veut pas se remettre en cause pour faire face à la réalité. « Il existe plusieurs situations dans lesquelles les instructions des Se sont bafouées par certains agents de la mairie qui restent encore attachés aux maires », déplore l’expert. L’autorité des Se, insiste-t-il, n’est pas acceptée partout. « La situation d’insubordination n’est pas générale au Bénin. Mais dans certaines communes, cela se note surtout quand le Se n’appartient pas à l’aire sociogéographique et ne parle pas la langue du milieu, et il est obligé de recourir à des services d’un traducteur chaque fois qu’il doit rencontrer la population », relève l’expert en gouvernance locale. Il se relève le risque que le traducteur ne fasse pas une traduction fidèle.  « Voilà quelques limites de la réforme. Je pense qu’avec le temps, ces petits problèmes vont être réglés », note Paul Dèhoumon. Il invite l’autorité gouvernementale à reprendre en main la formation, à la fois des Se et des maires. « Il est nécessaire qu’une formation, non séparée entre les Se et maires, soit faite pour que l’esprit de la réforme soit recentré et les limites des compétences transférées soient vraiment connues et réglées. Il faut que chaque acteur sache là où commencent ses prérogatives et là où elles s’arrêtent. Ceci pour qu’il n’y ait plus de chevauchements et d’hésitations dans la gouvernance.